C'est d'une symétrie quasi-parfaite. Le port de l'axe Seine a troqué les « moins » de l'an dernier par des « plus » cette année avec un sens aigu de l'équivalence.
Le premier semestre 2023 avait été marqué par un repli de 8,3 % avec près de 39 Mt, au cours duquel le seul motif de satisfaction était apporté par les céréales tandis que la chute abyssale des conteneurs était une vraie source de préoccupation.
Un an plus tard, l’activité est repartie. Les ports de l’axe Seine ont terminé le premier semestre 2024 avec 41,95 Mt manutentionnés, substituant à la perte de l'an dernier un gain de tonnage peu ou prou équivalent : - 8,3 % versus + 8,8 %. De même pour les conteneurs, où une croissance de 17 % vient compenser la contraction de 16 % observée l'an dernier à la même période dans un contexte d’importations en berne en Europe et de grèves en France, très préjudiciables au transbordement.
Conteneurs : 1,46 MEVP, + 17 %
Après deux années de repli, la boîte revient ainsi à niveau avec 1,46 MEVP et 14,5 Mt (+ 24 %). Les flux d’hinterland (1,07 MEVP) augmentent de 6 %, et même de 11 % pour les conteneurs pleins. Le transbordement, qui a concerné 390 000 EVP au premier trimestre, dépasse le niveau de 2019, note Haropa, qui veut y voir un témoignage de « la confiance des armateurs dans la régularité des escales et la performance du hub maritime. »
Céréales : 4,89 Mt, + 38 %
En hausse de 38 % par rapport à la même période de 2023, qui avait été un très bon millésime, les exportations de céréales contribuent aussi fortement à la progression des tonnages de Haropa. Sur les 7,11 Mt de vracs solides (+ 14,2 %) traités au premier semestre, 4,89 Mt sont des céréales, soit près de 68 %. Le mois de juin, en particulier, a connu une forte activité avec 783 000 t expédiées depuis les silos maritimes de Rouen, alors que la fin de campagne céréalière est traditionnellement plus calme, dans l’attente des nouvelles récoltes.
Sur l’ensemble de la campagne 2023-2024 (du 1er juillet au 30 juin), Haropa a exporté 8,72 Mt de céréales, soit 1,8 % de plus qu’au cours de la campagne précédente, qui affichait déjà une hausse de 10,4 % par rapport à 2021-2022.
Rouen maintient ainsi sa part de marché parmi les ports français, réalisant 52 % des exportations maritimes nationales, principalement constituées de blé tendre de qualité meunière (5,92 Mt), d’orge fourragère (1,84 Mt) et d’orge brassicole (0,82 Mt). En cumul, les expéditions de blé dur et de blé fourrager n’atteignent que 140 000 t, la qualité de la récolte ayant permis de vendre le blé tendre en meunerie.
Pour cette campagne, les principales destinations restent inchangées : le Maghreb (3,25 Mt, dont 2,07 Mt pour le Maroc et 1,15 Mt pour l’Algérie), l’Asie (2,55 Mt, dont 2,48 Mt pour la Chine) et l’Afrique de l’Ouest (1,42 Mt). Ce nouveau record (le précédent était établi à 1,1 Mt) sur l’Afrique subsaharienne s’explique par la qualité de la récolte, cette région étant très sensible à ce critère.
Les autres vracs solides affichent plutôt des tonnages en baisse : - 47 % pour les entrées de granulats marins (555 500 t) et - 3,5 % pour les importations de ciment et clinker (183 600 t), le secteur du BTP n’étant pas dans une conjoncture favorable.
Vracs liquides : 19,56 Mt, - 1 %
En ce qui concerne les vracs liquides, les activités traditionnelles connaissent des baisses de volume : - 2,4 % pour les importations de pétrole brut (8,83 Mt), -1,2 % pour les flux de produits raffinés (7,85 Mt) et -3,6 % pour ceux de produits chimiques (1,79 Mt). De nouvelles importations ont permis de contenir l’ensemble à un recul de 1 % (19,56 Mt) : celles de gaz via le terminal méthanier flottant mis en service au Havre en septembre 2023, le FSRU Cape Ann, par lequel 750 000 t de gaz ont transité depuis janvier.
Trafic de véhicules : + 18 %
Les importations de véhicules, qui représentent plus des deux tiers des flux de véhicules au Havre, repartent à la hausse. En 2023, le port n’avait vu transiter que 249 000 voitures dans un contexte de baisse des ventes de véhicules neufs alors que les surfaces de stockage du terminal roulier avaient été augmentées. Au premier semestre 2024, l’activité repart avec 155 237 véhicules, soit une hausse de 18 %.
Étienne Berrier
