Accord conclu avec HHLA pour que MSC devienne actionnaire à 49,9 % de l'opérateur portuaire allemand

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Container Terminal Tollerort

Crédit photo ©HHLA:Thies Rätzke
En dépit des vives protestations depuis que les intentions de MSC sur le premier opérateur portuaire allemand sont connues, le deal a été finalisé. Le leader mondial de la ligne régulière et la ville de Hambourg pourraient détenir 92,3 % du capital de HHLA, qui gère trois des quatre terminaux à conteneurs à Hambourg. Sous réserve du feu vert réglementaire.

À l’issue de l'offre publique d'achat volontaire exercée par MSC sur le grand manutentionnaire allemand HHLA, maître quasi absolu sur le port de Hambourg, le leader mondial de la ligne régulière et la ville de Hambourg ont convenu du contrôle du capital de HHLA.

En dépit des vives protestations, réactions en chaîne et indignation des salariés de HLLA depuis que les intentions de MSC sur le premier opérateur portuaire allemand Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA) sont connues, l’opération a été finalisée.

Port of Hamburg Beteiligungsgesellschaft SE, filiale à 100 % de MSC et véhicule d'investissement créé ad hoc, a annoncé qu’à l'expiration de la période d'acceptation, la transaction avait été acceptée par les actionnaires détenant 7 325 366 actions de classe A de HHLA. En outre, SAS Shipping Agencies Services, la holding de MSC détenue par la famille Aponte, a acquis 9 184 558 actions A supplémentaires de HHLA en dehors de la procédure d'offre.

HHLA gère trois des quatre terminaux à conteneurs dans le troisième port nord-européen : les Container Terminal Altenwerder (CTA, avec Hapag-Lloyd à 25,1 % depuis 2002, cf. plus loin), Container Terminal Burchardkai (CTB, à 100 %) et Container Terminal Tollerort (CTT avec Cosco à 24,9 % depuis 2022). Les trois ont manutentionné 6,07 MEVP en 2022 (- 4,1 % par rapport à 2021) et 2,76 MEVP au cours du premier semestre (- 12,7 % par rapport à la même période en 2022).

Clotûre au second trimestre 2024

« Cela nous met dans une position confortable pour avancer sur nos projets communs. L'objectif est clair : planifier la croissance de HHLA et contribuer à ce que Hambourg joue un rôle encore plus important dans le concert des ports mondiaux », s’est emballé Søren Toft, PDG de MSC.

Mélanie Leonhard, élue en charge de l'Économie et de l'innovation au Parlement de la ville hanséatique, a préféré insister sur « l’engagement ferme et à long terme envers le port de Hambourg » pris par le leader du transport maritime conteneurisé. « En l'intégrant dans un autre réseau mondial, nous générons des volumes de marchandises. Le résultat d'aujourd'hui nous permet de franchir une étape importante dans cette voie ».

Selon l'accord préliminaire contraignant conclu entre la ville de Hambourg et MSC, l’armateur devient actionnaire à hauteur de 49,9 % aux côtés de la ville-État de Hambourg (50,1 %) qui détenait avant l’opération 69 % du capital. L’offre de MSC visait toutes les actions flottantes de HHLA (soit 31 %) et avait proposé 16,75 € par action, ce qui portait la transaction à près de 1,3 Md€.

L'opération est désormais soumise à certaines autorisations réglementaires ainsi qu'à l'approbation du Parlement du Land d'Hambourg. Si ces conditions sont remplies, la transaction pourrait se clôturer au cours du second trimestre 2024.

Indignation et contestations

L’annonce avait déclenché une vive contestation à Hambourg mais aussi au-delà. Outre-Rhin, le « partage » avec des étrangers des actifs stratégiques n’est pas naturel. Le port de Hambourg en est un.

Les salariés de l’entreprise, soutenus par le puissant syndicat Verdi, se sont indignés d’avoir été exclus des négociations alors qu’en Allemagne, les représentants syndicaux d’entreprise sont en principe associés à toutes les décisions stratégiques des grandes entreprises. En contrepartie, les salariés n’usent de la grève qu’en dernier recours. Ils soupçonnent par ailleurs MSC d’être en réalité plus intéressé par Metrans, filiale ferroviaire de HHLA, que par l’activité portuaire.

Les salariés n’ont pas été les seuls à avoir été perturbés par les mouvements. Le premier à réagir promptement fut Klaus-Michael Kühne, actionnaire du commissionnaire Kuehne+Nagel, qui le jour même de la signature du contrat, estimait dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Hamburger Abendblatt que le protocole d’accord entre l'entreprise suisse et l’opérateur allemand était « un affront à Hapag-Lloyd », plus grand client du port de Hambourg et dont il est aussi partie prenante à hauteur de 30 % via sa holding Kühne. Si Hapag-Lloyd ne fait pas une contre-proposition, « ma holding Kühne AG envisage de le faire à court terme », avait-il menacé avec le panache dont il est coutumier mais souvent sans passage à l’action.

L'actionnaire majoritaire du groupe Eurokai, Thomas Eckelmann, n'excluait pas non plus de déposer une contre-offre. Le groupe contrôle Eurogate, le manutentionnaire du quatrième terminal à Hambourg, le Container Terminal Hambourg (CTH). Thomas Eckelmann avait estimé que le passage de HHLA dans le giron de MSC se matérialiserait par la perte de 25 à 30 % des opérations d’Eurogate.

Apporter 1 MEVP au port de Hambourg

Pour emporter la partie, MSC s’est engagé à apporter 1 MEVP supplémentaire au port allemand dès 2025 (8,28 MEVP en 2022, - 5 %, 23e port mondial, 5,84 MEVP sur les neuf premiers mois de 2023, soit 7,4 % de moins qu’à la même période de 2022). Le troisième port à conteneurs européen dévisse depuis des années, de plus en plus distancé par Rotterdam et Anvers, les deux leaders portuaires européens.

« Hambourg a principalement souffert de deux choses : Le manque de soutien politique de la part du gouvernement fédéral allemand à Berlin et, à quelques exceptions près, l'absence de participation et d'implication de la part des grands transporteurs, estiment les analystes d'Alphaliner. Depuis des décennies, le mantra de Hambourg est d'empêcher les transporteurs de posséder des parties du port et de développer leurs propres terminaux à conteneurs ».

Autre concession faite par le groupe italo-suisse : la relocalisation de son siège social allemand pour ses opérations maritimes (Brême) mais aussi de croisière (Munich) dans la capitale portuaire. Le nombre d'employés dans la ville devrait ainsi doubler pour atteindre environ 700.

Adeline Descamps

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