À Brest, la phase opérationnelle du gigantesque chantier de 220 M€ qui doit accueillir les fondations du futur parc éolien, entre en phase opérationnelle. L'entreprise Navantia a été désignée par le consortium pour fournir les fondations de 34 des 62 éoliennes qui seront installées dans la baie des Côtes d'Armor.
Commencés 2017 pour stabiliser le polder existant en vue de créer le nouveau terminal dédié à la manutention des colis liés aux énergies marines renouvelables (EMR)*, les travaux d'extension du port de Brest se poursuivent dorénavant à un rythme régulier, après la jonction en fin d'année dernière du casier de 14 ha qui seront bientôt remblayés par des sédiments marins. Les travaux de dragage ont en effet été attribués à un groupement d'entreprises (Société de Dragage International réunissant Vinci Construction Maritime et Fluvial, Vinci Construction et Terrassement, Menard Agence de l'Ouest et Idra Environnement) qui permettront de remblayer cette zone gagnée sur la mer et désormais protégée par une digue de 900 m de long et de 12 de haut.
Le quai de 400 m destiné à recevoir des navires spécialisés dans les manutentions de charges lourdes est en grande partie réalisé, il devrait être mis en service au printemps prochain, ainsi que la plateforme de manutention qui le borde sur une largeur de 100 m. Le président du conseil régional de Bretagne (propriétaire du port) Loïg Chesnais-Girard était ce lundi 16 septembre sur le site pour confirmer la première implantation industrielle sur le polder. Celle-ci fait suite à l'annonce du projet du consortium Ailes Marines, qui prévoit d'implanter au large de la baie de Saint-Brieuc 62 éoliennes offshore posées sur des fondations. Celles-ci seront construites et assemblées pour partie sur cette zone aménagée sur le port de Brest.
Des jackets impressionnants
Cet été, le groupement d'entreprises portées par Iberdrola, RES et la Caisse des dépôts a choisi l'entreprise qui fournira les fondations de ce futur parc éolien. C'est la société publique espagnole Navantia (filiale à 100 % de la Sociedad Estatal de Participaciones Industriales) qui a été désignée par le consortium pour fournir les fondations de 34 des 62 éoliennes qui seront installées dans la baie des Côtes d'Armor, les 28 autres seront construites dans les chantiers de l'entreprise ibérique. Des engins impressionnants puisque ces fondations de type jackets (structures métalliques en treillis posés sur le fond marin grâce à leurs trois pieds reliés à des pieux qui assurent l'ancrage) mesureront entre 67 et 74 m de haut pour un poids variant entre 1 000 et 1 200 tonnes. Des études sont également menées afin de pouvoir stocker entre cinq et dix unités sur le polder.
Cette décision, attendue avec impatience par les acteurs industriels locaux, suscite cependant quelques interrogations. À propos des pièces de transition notamment qui sont celles qui apportent la plus grosse valeur ajoutée et qui seront fabriquées en Espagne. L'installation en plein air du chantier de construction de ces fondations va s'effectuer d'ici la fin de cette année sur les 11 ha du polder qui ont déjà été stabilisés et viabilisés. Le démarrage des activités de construction métallique est quant à lui prévu en 2020. 250 emplois seraient concernés.
Contrat de trois ans
Pour le président de la Région Bretagne, ce contrat de trois ans signé avec les espagnols n'est qu'une première étape. « Il reste d'autres zones pour d'autres industriels » précise-t-il. Et d'autres sites d'implantation d'éoliennes également et de citer le projet de ferme pilote d'éoliennes flottantes porté par le spécialiste de l'énergie éolienne Eolfi entre Groix et Belle-Île, pour lequel le port de Brest pourrait être sollicité. Pour les plus optimistes, ce chantier pourrait être l'illustration du savoir-faire brestois dans le domaine de la construction métallurgique...Les futures installations, censées être pleinement opérationnelles en 2020, doivent permettre au port de Brest d'accroître sa capacité de traitement du fret conventionnel lourd avec des visées particulières sur l'industrie des énergies marines renouvelables, « en plein développement en France et en particulier sur la façade Atlantique ».
D'un coût total de 220 M€, le projet est cofinancée par la région Bretagne (à hauteur d'environ 110 M€), la CCI métropolitaine Bretagne Ouest, le conseil départemental du Finistère, Brest Métropole et les fonds européens du Feder.
Gérard Le Brigand
*Travaux confiés à EMCC, composé de Vinci construction, Menard agence Ouest, Société de dragage international, Idra environnement et GTM Ouest, pour réaliser un quai de 380 m de long, prévu pour résister aux colis très lourds (10 t/m2) et doté d'une plateforme de manutention de 4 ha directement connectée aux terre-pleins portuaires actuels. Le marché de la digue d'enclôture construite dans le prolongement du polder actuel, a été confié au groupement Bouygues TP RF SAS, constitué de DTP, Liziard, Pigeon Bretagne Sud, STPA SAS, Sodraco international et Keller fondations profondes.