Le second semestre aura bien profité au portefeuille de terminaux à conteneurs de DP World au regard des résultats annuels que vient de publier le groupe portuaire de Dubaï. À l’issue des six premiers mois de l'année, les volumes de son portefeuille (une soixantaine de terminaux) étaient en croissance de 6,8 %, à 42,6 MEVP, mais avec de grands contrastes. L’activité portuaire de la région Europe/Moyen-Orient/Afrique (15,1 MEVP) était en retrait de 0,2 %, plombée par la situation en mer Rouge (retards et déroutements sur les principaux corridors maritimes).
Sur les six premiers mois de l’année, la dynamique s’était surtout observée dans la zone Australie-Amériques (+ 13,2 %, 6,28 MEVP) tandis que l'Asie-Pacifique restait le moteur principal avec 21,2 MEVP (+ 10,2 %).
En hausse de 8,3 %
Sur l’ensemble de l’année, les tendances se confirment. En 2024, Les ports et terminaux de DP World ont traité 88,3 MEVP (81,5 MEVP en 2023), soit une hausse de 8,3 % par rapport à l'année précédente. « Ces résultats ont été permis malgré les difficultés macroéconomiques et les inquiétudes concernant les perspectives du commerce mondial, précise Sultan Ahmed bin Sulayem, le PDG de DP World, à l’occasion de la présentation des résultats. Cette performance record est une preuve supplémentaire que nos investissements à long terme nous permettent de fournir les bons services aux bons endroits », ajoute le dirigeant en référence aux 11 Md$ consentis dans ses actifs (par le biais de nouvelles constructions, d'expansions et d'acquisitions) ces dix dernières années.
Pour toutes les zones, les deuxième et troisième trimestre ont permis de bien redresser la barre car les niveaux de croissance enregistrés sur l’ensemble de l’année sont bien en deçà de ce du second semestre très bien orienté.
Asie et Amériques en locomotives
La stratégie de l'opérateur de Dubaï, qui consiste à cibler les cargaisons à forte marge, tout en se développant dans les ports d'entrée des marchés émergents, finit par payer. L’Asie-Pacifique-Inde tire l’ensemble du portefeuille (43,4 MEVP) avec une trajectoire conforme à celle du premier semestre (+ 10,4 %). L'activité y a notamment bénéficié de la prise de contrôle de Laem Chabang (Thaïlande) et de la nouvelle concession à Belawan (Indonésie).
Le secteur Amériques-Australie a terminé l’année sur une meilleure performance encore (+ 14,7 %) et un peu plus de 13 MEVP (mais plus de 20 % sur le seul second semestre).
La surprise vient de la partie Europe-Moyen-Orient, Afrique, pour laquelle les deux derniers trimestres de l'année auront été plus que salutaires : avec 31,9 MEVP, les conteneurs manutentionnés sont en hausse de 3,4 % (mais de plus de 8 % entre juillet et décembre). À noter que le terminal « maison », Jebel Ali à Dubaï, qui a fêté l'an dernier ses 45 ans d'existence, pèse plus de 15 MEVP (+ 7,4 % sur l’année et + 11 % sur les Q3 et Q4). Un retour à la vie après des années de marasme.
Des investissements payants ?
Le terminal de Posorja en Équateur, sur la côte ouest de l'Amérique du Sud, se distingue avec un bond notable de 87 % de son volume, qui a atteint près d'un million d'EVP.
Une croissance à deux chiffres a également été observée à San Antonio au Chili, à Yarimca en Turquie, à Chennai en Inde, à Callao au Pérou (pour lequel 400 M$ ont été dégagés pour doubler la longueur du linéaire de quai et accroître de 80 % le terminal sud, passant de 1,5 à 2,7 MEVP par an), à Anvers et à London Gateway, où un quatrième poste d'amarrage (450 M$ d’investissement) a ajouté 900 000 EVP aux actuels 2 MEVP.
Dans le même temps, les « nouveaux » ports et terminaux ont ajouté près d'un million d'EVP au volume total. Le manutentionnaire a notamment repris les opérations de Belawan New Container Terminal (BNCT) en Indonésie (objectif : 1,4 MEVP par an, contre 600 000 EVP actuellement). À Dar es Salaam, en Tanzanie, il a décroché une concession de 30 ans pour l'exploitation et la modernisation du port polyvalent. DPW a annoncé 250 M$ en première phase. En Malaisie, de l’accord avec Sabah Ports pour gérer le SBCP sont attendus 500 000 EVP par an de plus pour porter l’installation à 1,25 MEVP en 2025.
Au Sénégal, DP World a démarré les travaux d'un nouveau port en eaux profondes à Ndayane, à 50 km de Dakar, avec à la clé la promesse d’1,2 Md$ en cash. En République démocratique du Congo, les premiers travaux ont été lancés après avoir obtenu en 2018 la concession de 30 ans pour développer et gérer un port en eaux profondes sur le versant Atlantique du pays, visant les escales des services directs entre Asie et d'Europe.
100 MEVP en capacité
Pour replacer DP World dans son marché, le leader mondial du marché, PSA International, a fait mention d’une croissance de 5,6 % du nombre de conteneurs traités, à 100,2 MEVP en 2024. La première fois que le Singapourien franchit le rubicon.
Ce cap fatidique correspond en fait à la capacité récemment atteinte par l'Émirati, qui revendique une part de marché de 9,2 %. Au cours des 10 dernières années, selon ses données, sa capacité brute a augmenté de 33 %, par croissance organique et externe. En 2014, l'entreprise déclarait en effet 75,6 MEVP. Sur la seule année 2024, le groupe aura encore grossi de 5 %.
Les résultats financiers ne sont pas disponibles en consolidé annuel. À l’issue du premier semestre, le groupe portuaire avait présenté un chiffre d’affaires en hausse de 3,3 % à 9,33 Md$, dont 3,56 Md$ en lien avec ses activités portuaires (+ 459 M$) et 3,82 Md$ avec la logistique dont la croissance avait été bien plus faible (+ 78 M$). En passant de 880 à 530 M$, le résultat net avait chuté de près de 35 % à l'issue des six premiers mois de l'année.
En 2023, DP World et le groupe philippin ICTSI (+ 6,5 %) avaient été les seuls acteurs à afficher une nette augmentation de leur chiffre d'affaires parmi le groupe des huit sociétés portuaires mondiales dont le chiffre d'affaires annuel dépasse le milliard de dollars (parmi lesquels PSA, Hutchison Ports, APM Terminals, China Merchant Ports, HHLA....)
Avec 6,4 Md$ pour sa division Ports et Terminaux, ses revenus étaient ressortis en hausse de 5,1 % par rapport à 2022. Son bénéfice opérationnel ajusté avant charges et impôts (Ebitda) avait également augmenté de 4,7 % pour atteindre 3,3 Md$. En comparaison, les géants du secteur accusaient tous le coup en termes de revenus : - 11,7 % pour PSA ; - 7,5 % pour Hutchison Ports ; - 12,1 % pour APM Terminals...
Dans la manutention portuaire, la rentabilité repose sur une combinaison de facteurs, taille, productivité, géographie, nature des marchandises, propriété des terminaux et, de plus en plus, d'intégration logistique.
Adeline Descamps
DP World signe un accord avec Gemini Cooperation pour la desserte de trois ports canadiens.
L'alliance Gemini entre Maersk et Hapag-Lloyd, effective depuis le 1er février, touchera les ports de Vancouver, de Prince Rupert et de Saint John, exploités par DP World. L'accord conclu entre les deux armateurs et l'opérateur portuaire devrait offrir des options supplémentaires de chargement et déchargement, annonce DPW. Vancouver et Prince Rupert – port nord-américain le plus proche de la région asiatique –, sont notamment touchés de/vers l'Asie, tandis que Saint John assure les liaisons avec l'Europe du Nord. Le manutentionnaire y a récemment mis en service deux grues supplémentaires en vue d'accroître sa capacité et son efficacité opérationnelle, et envisage des extensions à Vancouver.