En dépit de la sécheresse, les pays producteurs de maïs sont rattrapés par les surplus

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Le marché mondial de la céréale la plus échangée au monde, tendu depuis des années, croule sous une offre abondante et est sur le point de devenir excédentaire pour la première fois depuis la période précédant la pandémie. De nature à accentuer la pression sur les prix internationaux.

En dépit de la sécheresse qui sévit actuellement en Amazonie, contraignant les opérateurs à détourner leurs barges des ports du nord vers les terminaux portuaires du sud, le Brésil devrait produire une quantité record de maïs cette année.

Les États-Unis pourraient également enregistrer une récolte inédite en dépit d’un printemps sec, la troisième plus grande récolte jamais réalisée dans le pays.

Le marché mondial de la plus importante culture céréalière au monde, tendu depuis des années, croule désormais sous une offre abondante et est sur le point de devenir excédentaire pour la première fois depuis la période précédant la pandémie.

Pression sur les prix

Cette arrivée massive devrait accentuer la pression sur les prix internationaux du maïs à Chicago (Illinois). Il y a seulement 16 mois, ils étaient à leur plus haut niveau depuis une décennie, la guerre en Ukraine ayant perturbé l'approvisionnement du grenier de la mer Noire. Ils sont déjà proches de leur niveau le plus bas depuis trois ans.

Un excédent pour la céréale la plus échangée au monde (utilisé pour nourrir le bétail ou pour fabriquer du biocarburant à base d'éthanol) peut rapidement faire basculer le marché à la baisse pour le blé, le soja et d'autres cultures importantes.

Santos en voie de secours

Le Brésil est le premier exportateur mondial de soja et devrait dépasser les États-Unis cette année en tant que premier exportateur de maïs. La Chine demeure le principal marché d'exportation du Brésil pour ces deux cultures.

L'Anec, qui représente des négociants en céréales au Brésil tels que Bunge, Cargill ou encore Cofco, ne délivre aucun détail dans son communiqué sur les volumes concernés par les actuels détournements de cargaisons.

Mais le groupement d’exportateurs précise que la situation actuelle ne devrait pas avoir d'impact sur les expéditions brésiliennes de céréales, sans toutefois exclure un recours au port de Santos. Le plus grand port d'Amérique latine est desservi par des connexions ferroviaires qui le relie au cœur de la région agricole du Brésil, l'État du Mato Grosso.

Entre 52 et 53 Mt de maïs

De janvier à août, 44 % des exportations brésiliennes de maïs ont transité par les quatre grands ports du nord du pays (Barcarena, Itaqui, Itacoatiara et Santarem), selon l'agence agricole Conab, tandis qu'un tiers des expéditions de maïs en provenance du Brésil sont passées par Santos.

Alors que le Brésil a expédié la majeure partie de son soja et se trouve dans les derniers mois de la saison d'exportation du maïs, l'Anec maintient ses prévisions pour l’ensemble de l’année, à savoir 99 Mt de soja, et entre 52 et 53 Mt de maïs, bien que le pays ait revu à la baisse ses départs pour le mois d’octobre, réduits d'environ 900 000 t.

Stockage à prévoir

Sur le continent nord-américain, la récolte exceptionnelle devrait aussi réduire les revenus des producteurs de maïs, qui stockeront davantage pour ne pas vendre à perte cet automne quand bien même la hausse des taux d'intérêt rend le stockage plus coûteux.

Selon le ministère américain de l'agriculture (USDA), lorsque la récolte sera terminée et les marchés servis, les surplus devraient dépasser les excédents restés dans les silos américains pendant sept ans. Lorsque la récolte débutera en 2024, il pourrait donc y avoir 50 % de maïs en plus dans les stocks qu'au début de la récolte de cette année, ce qui représenterait la plus forte augmentation de l'offre en une seule année depuis près de vingt ans, selon les données officielles.

L'USDA prévoit que les réserves nationales de maïs augmenteront de 55 % pour atteindre 2,11 milliards de boisseaux au cours de la campagne de commercialisation 2023/24, ce qui contribuera à porter, d'ici septembre 2024, les stocks mondiaux à leur niveau le plus élevé depuis cinq ans.

Une respiration pour les acheteurs de maïs

Associé à l’inflation des coûts d’exploitation (carburants et engrais), le revenu agricole net devrait chuter de 23 % cette année par rapport à une précédente année record, prévoit l'USDA.

Toutefois, les représentants de la filière voient dans le potentiel de l'éthanol, notamment pour le transport aérien, un relais de croissance. En attendant, les acheteurs de maïs vont pouvoir souffler, notamment la filière de la volaille, abonnée ces dernières années aux marges faibles du fait de coûts d’exploitation particulièrement élevés.

Adeline Descamps

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