Les projets d’Hutchison Ports, Cosco Shipping Ports et de CMA CGM avancent à Sokhna, ce port égyptien situé à l'embouchure nord-ouest de la mer Rouge, à quelque 150 km du Caire et à 40 km du canal de Suez.
Les trois groupes, dont le projet avait été signalé en août 2022 par Hutchison Ports, viennent de signer les contrats qui les rendent officiellement amodiataires d’un second terminal à conteneurs à Ain Sokhna. L'installation, d’une capacité de 1,7 MEVP, sera construite puis exploitée dans le cadre d'une cession par le gouvernement égyptien d’une durée de 30 ans.
L’opérateur portuaire du groupe Cosco a indiqué qu’il détiendrait 25 % du capital de la coentreprise, tandis que Hutchison et CMA CGM n’ont ni commenté ni confirmé.
Des travaux de dragage sont néanmoins bien en cours tandis que le calendrier des travaux est tenu à la discrétion des actionnaires. Le terminal ne devrait pas entrer en service avant 2026.
Des ports à conteneurs qui s’enfilent
Les intérêts se bousculent en Égypte, à la grande satisfaction du gouvernement égyptien qui entend exploiter son avantage géographique entre l’Afrique du Nord-Est et le Moyen-Orient pour devenir le hub de transbordement de la Méditerranée orientale.
Le pays dispose de quatre ports à conteneurs le long de la Méditerranée, dans la région du delta du Nil. À l’ouest, Alexandrie et El Dekheila forment un port jumeau, souvent appelé Alexandrie. À l’est, Damiette et Port Saïd sont situés à l’embouchure nord du canal de Suez tandis que le principal port à conteneurs d’Égypte sur la mer Rouge est Sokhna.
Un intérêt indéniable
Les plus grands armateurs mondiaux et manutentionnaires s’y sont positionnés ces dernières années : Maersk via APM Terminals à Port Saïd (avec Cosco), CMA CGM à El Dekheila (Alexandrie) et désormais à Sokna, Cosco à Port Saïd, Hapag-Lloyd à Damiette (avec Eurogate), Hutchison à El Dekheila (avec MSC), Sokhna (avec Cosco et CMA CGM) et Abu Qir (avec Evergreen).
Au cours de l’été 2022, plusieurs annonces y ont été faites dans un étrange concours de circonstance.
APM Terminals/Maersk, maître à Port Saïd
Le groupe Maersk a fait part d’un investissement de 500 M$ pour exploiter un nouveau poste d’amarrage de 1 000 m au Suez Canal Container Terminal (SCCT) à Port Saïd, adjacent à celui existant de 500 m qu'APM Terminals exploite à Port Saïd Est, où il a obtenu la concession pour 49 ans.
Mis en service en 2004, le SCCT (capacité de 5 MEVP) est désormais capable de traiter les grands porte-conteneurs de plus de 20 000 EVP avec 18 grues STS de grande dimension. Dans le cadre du nouvel investissement, elles seront portées à 30 et le parc sera majoritairement électrifié. APM Terminals en est l’actionnaire majoritaire (55 %) aux côtés de Cosco (20 %), de l’Autorité du Canal de Suez (10,3 %), du secteur privé égyptien (9,7 %) et de la Banque Nationale d’Égypte (5 %).
Hapag-Lloyd et Eurogate à Damiette
À 70 km de là, à Damiette, Hapag-Lloyd et le manutentionnaire allemand Eurogate/Contship ont été retenus en tant que concessionnaires pendant 30 ans d’une seconde infrastructure d’une capacité de 3,3 MEVP, dont la mise en service est prévue en 2024.
Le premier terminal – le Damietta Container and Cargo Handling (DCCH, capacité de 2,5 MEVP) –, qui a été l’an dernier renforcé avec treize portiques, risque ainsi de perdre son principal client, Hapag-Lloyd, dont la part de trafic est estimée à 35 %, devant CMA CGM et MSC. Avec ses deux terminaux, le port bordant le Nil disposera donc d’une capacité de plus de 5 MEVP.
Hutchison Ports avec Til/MSC également
À El Dekheila, outre le nouveau projet avec CMA CGM et Cosco SP, Hutchison Ports est associé à Til/MSC où il est question d’un nouveau terminal satellite pris sur la mer (appelé pour l’instant terminal B100) dans la grande région d'Alexandrie, près des deux terminaux existants AICT et ACCH.
Le manutentionnaire hongkongais devrait investir 700 M$ dans ces deux derniers chantiers tandis qu’il projette 730 M$ pour un autre terminal près d'Alexandrie, à Abu Qir (avec Evergreen).
Selon Alphaliner, cette nouvelle infrastructure disposera de 1 700 m de quai et une capacité nominale de 2 MEVP. Elle pourra traiter les navires polyvalents, selon les informations du consultant.
Adeline Descamps
