En dépit des frictions commerciales qui parcourent le monde, l'opérateur portuaire de Dubaï semble extrêmement serein quant à ses futures performances commerciales, enhardi par une hausse de 10,2 % de ses bénéfices en 2018.
« L'année en cours a commencé avec une activité conforme aux attentes et bien que les perspectives à court terme restent incertaines compte tenu différends commerciaux et les défis géopolitiques, nous nous attendons à ce que notre activité reste résistante et nos récentes acquisitions et investissements vont y contribuer » a commenté Sultan Ahmed Bin Sulayem, président et CEO de DP World Group, qui vient de publier des résultats « robustes » pour l’exercice 2018.
L’opérateur portuaire émirati, dont les quelque 80 terminaux ont traité 90,8 MEVP en 2018 (capacité consolidée à 49,7 MEVP), a enregistré un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda) de 2,808 Md$, soit une hausse de 13,7 %, qui s’est traduite par une croissance de 7,6 % de son résultat net en 2018 à 1,27 Md$. Reflet de la santé du bénéfice, une dividende par action en hausse de près de 5 %, à 43 cents de dollars. Les flux de trésorerie provenant des activités d'exploitation se sont élevés à 2,161 Md$ tandis que les dépenses en immobilisations et pré-dividendes après impôts (trésorerie disponible) se sont ajustées à 1,811 Md$, ce qui permet un effet de levier (dette nette/Ebitda ajusté) de 2,8 fois.
Le chiffre d'affaires a augmenté de 19,8 % à 5,6 Md$ en 2018, contre 4,7 Md$ un an auparavant, tirée par la diversification de sa base de revenus avec notamment l'acquisition de Drydocks World, « le plus grand chantier de construction navale du Moyen-Orient » pour lequel il a déboursé 450 M$, mais aussi de Dubai Maritime City (DMC), de Cosmos Agencia Marítima au Pérou, Continental Warehousing Corporation (CWC) en Inde ou encore du 6e armateur mondial de feeders, le danois Unifeeder.
2,5 Md$ en emplettes
Au total, la société y aura consacré quelque 2,5 Md$. « Ces acquisitions offrent de fortes opportunités de croissance et renforcent la présence de DP World dans la chaîne d'approvisionnement mondiale », explique la société.
En début d’année, l’Émirati annonçait l’intégration dans son giron de P&O Ferries, jusqu’alors détenu par sa maison-mère, le fonds souverain Dubaï World, traduisant la volonté de celui-ci de mettre en ordre de bataille stratégique son portefeuille d’activités et s’affranchir d’un secteur portuaire saturé. Cette opération – moyennant un chèque de 322 M£ (371 M€) pour la compagnie britannique spécialiste du transmanche (1,1 Md€ de CA) et sa branche logistique P&O Ferrymasters (19 sites en Europe) – s’inscrit donc dans ce process global.
DP World devrait en outre finaliser la transaction au cours de ce premier semestre en vue d’acquérir 71,3 % de Puertos y Logistica (Pulogsa), manutentionnaire de deux terminaux polyvalents au Chili. « Ces nouveaux actifs permettront à DP World d'offrir à ses clients cinq points d'entrée clés sur la côte Ouest de l'Amérique du Sud à Posorja (Équateur), Callao et Paita (Pérou) et San Antonio et Lirquen (Chili) ».
Enfin, le groupe a obtenu une concession de 30 ans pour la gestion et le développement d'un nouveau projet portuaire à Banana, en République démocratique du Congo.
DP World s'attend à ce que ses dépenses d'investissement s'élèvent à 1,4 Md$ en 2019, principalement envisagées aux EAU, à Posorja (Équateur), Berbera (Somaliland), Dakar (Sénégal) et Sokhna (Égypte), indique-t-il.
A.D