Le drone longe lentement les parois de la forme de radoub, enregistrant des centaines d'images. Dirigé à distance par deux hommes au fond de la forme, il suit une longueur puis remonte de quelques dizaines de centimètres pour un trajet inverse, toujours en prenant des photos.
Ces images vont permettre ensuite de reconstituer un jumeau numérique de la forme en 3D. Les drones referont le même itinéraire dans quelques mois. Et le second jumeau numérique qui en sortira sera comparé au premier.
Le logiciel qui analyse les images, mis au point par la société A2D, détecte des changements dans l'infrastructure, des « désordres » dans le vocabulaire de ses concepteurs. Il peut s'agir d'un affaissement, d'un disjointement des pierres qui forment la maçonnerie de la forme, d'infiltrations... « Une fissure qui passe de 10 à 13 cm, on ne va pas nécessairement intervenir, mais on ne l'oublie pas, on la surveille », précise Bruno Baron, le président de l'OIP (Opérateur d'innovation portuaire) installé par le grand port maritime de La Rochelle.
Suivi des digues
« Avant, examiner les infrastructures prenait un temps fou. » Le travail était réalisé par des géomètres avec des photos à la main et « il était difficile de retrouver l'endroit précis où elles avaient été prises. Là, chaque image est géolocalisée. »
Le drone a besoin de quelques heures pour enregistrer chaque détail d'une infrastructure. Après son passage, un diagnostic est établi, les problèmes caractérisés et les degrés de criticité établis.
Quand ce degré augmente, le logiciel déclenche une alerte. « Mais la décision d'intervenir ou pas reste du ressort de l'humain. C'est juste qu'on a accéléré le process. »
A2D a déjà enregistré l'autre forme de radoub et les enrochements de Chef de Baie. « Le système permet de savoir si le volume de roches a changé, s'il y en a moins, si une digue s'est affaissée. »
Vers d'autres usages
D'autres ports ont depuis contacté la société, comme Brest, Nantes-Saint-Nazaire, des ports des Hauts-de-France et de Nouvelle Aquitaine. La Marine nationale se montre aussi intéressée.
L'OIP réfléchit pour sa part à l'usage de drones roulants pour passer dans les souterrains, les aqueducs et les canalisations du port.
Myriam Guillemaud