Voisin immédiat et grand partenaire commercial de la Chine, la Corée du Sud est économiquement très affectée par le Covid 19. Le secteur maritime et portuaire en est fragilisé. Dans ce contexte difficile, le gouvernement coréen a débloqué deux enveloppes de 50,4 M$ et 75,6 M$
De l’ensemble des ports sud-coréens, c’est Incheon qui apparaît comme le plus affecté car 40 des 50 services le desservant viennent de Chine ou y transitent. Aussi parce que les deux côtes se regardent. L’impact a cependant tardé à se faire sentir. Si en janvier, le trafic conteneur du port de la côté ouest n’a reculé que de 0,38 % par rapport à 2019, il aurait selon des sources non officielles plongé de 28 % sur la première quinzaine de février.
Sur le front portuaire Est, Busan a, lui, vu son trafic baisser de 1 % en janvier en raison d’un recul de 8 % de l’import/export tandis que les transbordements ont augmenté de 6 % car le fret dérouté des ports chinois y a été déposé. A contrario, des données partielles de février indiqueraient une baisse de 1 % des transbordements mais une hausse de 5,7 % de l’import/export pour un trafic total en progression de 4,7 %. Des statistiques à relativiser car l’année 2020 est bissextile. Le taux d’occupation des quais et des terminaux a entamé une décrue dès la 3e semaine de février et est désormais proche de son activité normale.
Chez les armateurs
Du côté des armateurs, HMM aurait enregistré une baisse de trafic d’environ 50 % en février sur ses services en provenance de Chine mais reste optimiste pour l’année, anticipant une reprise pour le second trimestre et soulignant qu’une large part de son activité provient d’autres routes. En revanche, la situation est plus problématique pour Heung-A et Sinokor. Les services entre les deux pays comptent pour 80 % de leur activité. Peut-être n’est-ce donc pas un hasard si Heung-A vient de vendre sa participation (17,5 %) dans Heung-A Shipping Thaïlande au groupe thaïlandais Uahwatanasakul pour 7,14 M$.
Pour passer le cap, la direction de ces compagnies ont par ailleurs revu à la baisse les salaires des cadres dirigeants de 10 à 20 %. SM Line, qui n’est pas épargnée, a proposé à ses salariés jusqu’à quatre semaines de congés sans solde « pour prendre soin de leur famille et faire face à l’épidémie ».
Dans ce contexte difficile, le gouvernement coréen a débloqué deux enveloppes de 50,4 M$ et 75,6 M$ pour soutenir la filière. Au programme notamment, des prêts à taux réduits moyennant une enveloppe de 4,2 M$, des réductions de droits portuaires pour les compagnies ayant des services à destination du Japon et de la Chine, des baisses de loyers pour les opérateurs de terminaux et les entreprises de manutention portuaires. Le port de Busan a également prévu diverses mesures de soutien d’une valeur 4,2 M$ qui prendront probablement la forme de remises sur les redevances portuaires et autres ristournes…
Thierry Joly
