L’opérateur portuaire chinois se targue d’une situation financière solide et se dit prêt à profiter de la reprise à venir du marché du transport maritime de conteneurs.
En dépit d’un chiffre d’affaires en hausse de 2,7 % par rapport à 2018, à 1,02 Md$, la marge brute s'est repliée de 7,1 %, à « seulement » 272,7 M$. Les revenus tirés de ses participations ont par ailleurs diminué de 8,5 % en 2019, atteignant 267,5 M$. Le résultat net de la filiale portuaire de l’armement chinois ressort à 350,9 M$ (+ 8,1 %), les transactions liées à Qingdao Port International et l’impact de la nouvelle norme comptable IFRS 16 n’étant pas pris en compte.
Cosco Shipping Ports, dont le cours de l’action à la bourse de Hong Kong a été divisé par plus de deux en un an, annonce un dividende de 3,928 cents (0,03928 $) par action au titre de l’exercice 2019. Le groupe chinois, malgré la crise sanitaire et la situation économique mondiale dégradée, se targue d’une situation financière « solide » qui le met en condition de gagner des parts de marché. « Avec nos flux de trésorerie, nous sommes prêts à capter la demande une fois que le marché aura repris », reconnaît-il. « En dépit des incertitudes pesant sur le commerce mondial », l’opérateur Shipping Ports a été porté par « l'augmentation des escales des alliances maritimes et par les contributions des terminaux nouvellement acquis ».
La croissance de Cosco tirée par l’international
Cosco Shipping Ports avait en effet annoncé en janvier dernier que l’ensemble de ses terminaux à travers le monde avait atteint près de 103 MEVP en 2019, soit une hausse de 4,8 % par rapport à 2018. Ces données ne tiennent cependant pas compte des installations Qingdao Ports International, dont il détient 18,54 % et qui a manutentionné 21 MEVP en 2019 (+ 8,7 %). CoscoSP revendique donc un volume traité de près de 124 MEVP et une hausse d’activité de 5,5 %.
La publication de ses résultats ne date que de quelques heures, mais elle va à contre-courant de tout ce qui est dit par ailleurs. Compte tenu des « perspectives incertaines » pesant sur l’économie mondiale qu’il ne manque pas de souligner, le manutentionnaire chinois appréhende 2020 comme une année « pleine de défis et d’opportunités » de nature à faire croître son activité et le nombre de ses terminaux. Certes, il y a tout lieu de le croire quand il estime que l’épidémie est « sous contrôle en Chine » et que les usines ont repris leurs activités depuis fin février. Mais ses déclarations détonnent : « Le groupe est bien préparé pour saisir les opportunités découlant de la demande à venir et résultant du réapprovisionnement mondial » dans la mesure où ses marges de croissance se situent désormais à l’international, là où précisément il est en quête « d’opportunité d’acquisitions de terminaux à l’étranger ». Ce sont d’ailleurs ses terminaux étrangers qui ont tiré ses résultats vers le haut en 2019. Dans ce contexte, son enthousiasme masque mal les éléments de langage : « Cosco Shipping Ports, un des plus grands opérateurs portuaires du monde, continuera de coopérer avec les principales compagnies maritimes et sociétés portuaires afin de développer le trafic ».
La filiale du géant maritime chinois ne prend manifestement pas en considération une projection selon laquelle une récession économique mondiale est susceptible de réduire considérablement les flux de conteneurs et de faire plonger les taux de fret avec un risque élevé de faillite des transporteurs et manutentionnaires. À moins que Cosco, fort de sa solidité financière, ne compte précisément sur ces difficultés prévisibles du marché pour faire des achats en solde.
Étienne Berrier