Malgré quelques ralentissements, le trafic a été maintenu depuis une semaine et tous les services restent opérationnels. Autorités portuaires et industriels s’adaptent.
Depuis lundi dernier, le Grand Port maritime de Bordeaux a accueilli, comme prévu, les douze escales programmées, sept à Ambés, quatre à Bassens et une à Blaye pour des trafics notamment d’engrais, pétroliers, céréaliers… « Le fonctionnement du port est quasi normal. Les services portuaires de manutention, lamanage, pilotage et remorquage sont opérationnels. Malgré la crise, le port assure sa mission de service public en ravitaillant le territoire », indique Philippe Dorthe, président du GPMB. De même, les dessertes terrestres et les pré-post acheminements routiers sont assurés. Le tout cependant sur fond de mesures exceptionnelles.
90 salariés en télétravail
Des mesures sanitaires strictes ont été prises, avec pour les salariés de la manutention « des temps de pause plus importants pour nettoyer le poste de pilotage entre deux shifts et des procédures pour que les équipes n’arrivent pas en même temps et gardent les distances nécessaires », explique Renaud Picard, directeur administratif et financier du GPMB. Sur les 350 salariés du port de Bordeaux, 90 salariés des services administratives (ressources humaines, comptabilité, facturation…), ont basculé en télétravail à domicile. Près de 90 autres salariés, eux, restent présents sur le site portuaire ; les autres bénéficiant d’absences autorisées. « Il n’y a aucun chômage partiel », précise Philippe Dorthe.
La capitainerie mobilisée 24h/24h
Une permanence est assurée par la direction du port et la capitainerie, mobilisable 24 h/24h. « Nous envoyons également à chaque navire à destination de Bordeaux une DMS, Déclaration maritime de santé », explique Éric Hausser, commandant de port adjoint à la Capitainerie. « Si l’un ou plusieurs membres de l’équipage présentent des signes avérés ou des suspicions de Covid-19, une procédure est activée avec le 15, la préfecture maritime et de Gironde pour procéder à une évacuation ». De même sur les quais bordelais, les équipages des navires sont consignés à bord.
Premiers signes de ralentissement des trafics
Si le trafic bordelais s’est maintenu, de premiers signes de ralentissement se font cependant sentir. L’entreprise Michelin, dont l’un de ses sites est basé à Bassens, a annoncé au niveau national l’arrêt temporaire de ses activités et a également annulé la semaine dernière une de ses escales maritimes bordelaises. Deux escales d’import de bois, programmées dans les jours à venir, ont été reportées de quinze jours pour l’usine Sinbpla qui a cessé son activité ce 19 mars tout comme le cimentier Cimalit. La croisière à l’arrêt, aucune escale n’était programmée pour mars et celles d’avril le seront probablement. Pour les conteneurs, « des disfonctionnements sont liés à l’impact de la grève sur la réforme des retraites et à l’épidémie en Chine qui a bloqué le retour de conteneurs vides. Cela prend du temps de récupérer des conteneurs, éparpillés en Europe », explique Maud Guillerme, secrétaire général de l’UMPB qui reste cependant confiante.
Imports et exports maintenus par les industriels
« Les industriels avaient anticipé des mesures sanitaires plus strictes et ont pu les mettre en place très rapidement pour ne pas stopper leur activité », ajoute-t-elle. La majorité des imports et exports prévus par les industriels restent en effet à l’ordre du jour : des ferrailles pour Derichebourg, les céréales, les huiles pour Saipol, et les flux pétroliers qui devraient se poursuivre. « Dans ce secteur, le déchargement se fait essentiellement par pipe-line et ne nécessite pas trop de personnels », précise Philippe Dorthe.
Compte-tenu du confinement d’une partie de la population, il semble cependant inéluctable que l’économie soit impactée. Selon Maud Guillerme, « les usines risquent d’avoir des baisses de commandes mais les instructions du gouvernement sont claires pour faire en sorte que l’économie ralentisse le moins possible ».
Marianne Peyri