À l'occasion de sa visite à Marseille le 20 juin, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune s'est attardé sur les quais du port, une trop belle opportunité pour rappeler les échéances du branchement électrique des navires et ainsi calmer les humeurs locales, de plus en plus intolérantes face à la pollution sous leurs fenêtres.
Dans les bassins Est, en cœur de ville, la connexion à quai est opérationnelle depuis 2017 pour les ferries à destination de la Corse, le sera dès cet été pour les lignes internationales desservant le Maghreb (excepté pour les navires qui ne sont pas équipés), à venir pour les croisières d'ici 2025 avant d'être étendue en 2028 à la réparation navale, aux terminaux à conteneurs, roulier et de « petites croisières » (haut de gamme) que la direction portuaire envisage d'implanter au sud des bassins Est.
En avance sur le règlement européen
« La règle européenne prévoit l'électrification à quai pour 2030 partout en Europe et Marseille est en avance », a souligné le ministre alors que la pollution générée par les activités du port clive localement. Une énième étude de l'ONG Transport &Environment vient encore de stigmatiser Marseille, qui s'est hissé en quelques décennies parmi les premiers ports méditerranéens de croisière.
« À Marseille, les 75 navires de croisière qui ont accosté en 2022 ont émis deux fois plus d’oxyde de soufre (SOx) que l’ensemble des voitures immatriculées dans la ville », accuse T&E, qui place la ville portuaire au sixième rang sur ce critère, derrière Barcelone, Civitavecchia, Malte ou encore Le Pirée.
« Seuls 14 ports dans le monde l’ont fait »
« Nous sommes en train de vivre la révolution de la décarbonation, avec des investissements majeurs, notamment l’électrification à quai. Seuls 14 ports dans le monde l’ont fait. Nous sommes les seuls de toute la Méditerranée à ce niveau d'équipement », a répété pour la seconde fois en quelques jours Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance du GPMM. Il avait ainsi répondu à l'occasion d'un échange sur le plateau délocalisé à Marseille de l'émission Les Quatre Vérités de Télé Matin en fin de semaine dernière.
75 M€ promis
« Dans le contrat plan État-région 2023-2027, l'État alloue 75 M€ pour le port », a promis de son côté Clément Beaune. Outre les fonds destinés à financer l’équipement en courant de quai des navires, une partie devrait être allouée à la reconstitution, à Mourepiane, des capacités ferroviaires de la gare du Canet appelée à fermer.
Cet apport fait partie des 700 M€ alloués par le gouvernement à la mobilité, contractualisés le jour même entre le représentant de l'État et Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui devrait aligner une somme similaire.
Les projets qui en bénéficieront restent à négocier mais l'inflation est manifeste : le précédent CPER avait réservé 45 M€ aux investissements du deuxième port de France.
Adeline Descamps