Retour des grandes heures de la CGT sur les quais ? Les marins, dans le sillage de la Fédération nationale CGT des Ports et Docks, partent à l’abordage (au sabordage) des deux compagnies actuellement délégataires de la continuité de service public maritime sur la Corse au départ de Marseille, La Méridionale et la Corsica Linea.
Le syndicat redevenu majoritaire chez les marins (face aux corses du STC) appelle à cesser le travail à compter du 11 mars dès 8 H, après l’arrivée des navires, pour une durée de 48 heures, jusqu’au 13 mars et ce, dans l’ensemble des ports desservis (Toulon, Nice, Marseille et les autres destinations).
C’est l’ouverture, à compter du 6 avril, de la nouvelle ligne de la Méridionale au départ de Toulon qui a mis le feu aux poudres.
La fin du pavillon français premier registre en épouvantail
Dans un document, de quatre pages, adressé au président de la Méridionale Jean Emmanuel Sauvée, la CGT dénonce une stratégie qui « va à l’encontre des lignes de la délégation de service public de continuité territoriale Corse-continent » et de la « ligne passagers France-Maroc ».
Les syndicalistes craignent la fin du pavillon français premier registre, les choix tactiques de Corsica Ferries d’opérer à Sète et la « redistribution des ports de la de la délégaton de service public (DSP) après l’explosion de la DSP-Marseille Corse » qui s’achèvera fin 2029.
Une démonstration de force qui affaiblit les ports
La solide CMA CGM, via La Méridionale, se prépare à se positionner dans le précarré de Corsica Ferries au départ de Toulon, qui y règne depuis le départ de la SNCM et après un passage éclair de Moby Lines.
La CGT des marins de Corsica Linea s’inquiète du positionnement du Kalliste en obligation de service public (OSP) alors que « la Collectivité de Corse finance le même service en DSP [pour le fret, NDLR] entre Marseille et Île Rousse et que le rapport de l’Union européenne sur les DSP conteste les compensations versées à nos compagnies (…) ».
Interpellant leur directeur de Corsica Linea, Pierre-Antoine Villanova, ils lui reprochent « d'avoir omis d'informer le CSE sur le fait qu'une nouvelle plainte de Corsica Ferries avait été déposée au Tribunal administratif de Bastia en exploitant cette ouverture de ligne entre Toulon et Île-Rousse », indique Frédéric Alpozzo, délégué CGT Marins.
Dans la très longue liste des revendications, la CGT réclame l'abandon de la nouvelle ligne, sollicite une « rencontre avec Rodolphe Saadé », la mise en application du décret sur la flotte stratégique française en Méditerranée mais aussi un « financement public » pour renouveler la flotte vieillissante de Corsica Linea.
La succession de mouvements sociaux sur le port de Marseille, y compris dans la plaisance où la CGT a refusé le 15 février de signer un accord sur l’organisation du travail, a toutes les apparences d'une démonstration de force qui affaiblira une nouvelle fois les ports français.
Nathalie Bureau du Colombier