L’Europe a exporté vers pays tiers 27,3 Mt de blé tendre et 10,6 Mt d’orge au cours de la campagne 2020-2021. Les données concernant le blé tendre devraient être revues à la hausse pour la campagne en cours, qui a débuté le 1er juillet. Selon France Agrimer, il s’en est récolté 127 Mt dans l’UE, ce qui laisse espérer 30 Mt d’exportation d’ici au 30 juin 2022. Et le mouvement est déjà bien lancé : au 12 septembre 2021, les pays européens en ont déjà exporté 5,9 Mt, soit 44 % de plus qu’à la même date l’an dernier. L’Algérie, avec 805 000 t, est en tête des achats, devant la Corée (702 000 t). La Chine en revanche, qui était la première destination du blé français au cours de la campagne précédente, n’est pas aux affaires pour l’instant.
Orge : la France pourrait bénéficier des faiblesses européennes
La récolte d’orge, quant à elle, est en repli en 2021 et n’atteint que 53 Mt. France Agrimer table sur 9,5 Mt exportées au niveau européen. Mais la campagne a bien commencé avec, au 12 septembre, une progression de 15 % des ventes par rapport à l’an dernier. La Chine sera en tête des acheteurs d’orges européennes, mais dans des volumes limités : 601 000 t au 12 septembre contre 918 000 t l’an dernier à cette date. La baisse de la moisson européenne devrait profiter aux orges françaises. La récolte a en effet progressé de 13 % dans l’Hexagone pour atteindre 11,7 Mt. Les exportations pourraient progresser de 14 % vers l’Europe pour atteindre 2,4 Mt et rester stables vers les pays tiers à 3,3 Mt.
Blé tendre : bonne compétitivité-prix
Pour le blé tendre, la récolte française est en hausse de 24 % par rapport à l’an passé, avec un total de 36 Mt. France Agrimer table ainsi sur une progression de 29 % des expéditions tricolores vers les pays tiers (9,6 Mt) et de 31 % vers les pays européens (8 Mt). Habituellement, les échanges vers l’UE varient peu et le grand export sert de variable d’ajustement en cas de forte récolte. Mais « la bonne compétitivité prix du blé tendre français et l’importante demande du Benelux et de la péninsule ibérique devraient favoriser les exports vers les pays européens, car la hausse du coût du transport maritime favorise le marché de proximité plutôt que le grand export », explique Marc Zribi, chef de l’unité grain et sucre de France Agrimer.
Les ventes aux pays tiers sont aussi défavorisées par la faible qualité des récoltes en France. Si le taux de protéine est supérieur à l’an dernier, les autres critères sont à la baisse : seulement 27 % du blé tendre se classe dans les deux premières catégories de la grille Intercéréales, contre 67 % en moyenne quinquennale. Le poids spécifique, en particulier, est pénalisant puisqu’une même quantité de grain donnera moins de farine. « Cela n’affecte pas la qualité de la farine mais augmente le coût du transport. Sur le grand export c’est important, ça l’est moins pour la meunerie locale », souligne Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales.
De bons débouchés à l’export
L’épi français devrait cependant bénéficier de bons débouchés à l’export, puisque seules l’UE et l’Ukraine ont eu des récoltes de blé tendre en hausse cet été par rapport à l’an dernier : la production a augmenté de 10 % en Europe, mais baissé de 7 % aux États-Unis, de 12 % en Russie et de 30 % au Canada. Par ailleurs, le cours du blé nord-américain s’envole suite à la sécheresse et ses homologues russes sont pénalisés par la taxe à l’exportation.
Étienne Berrier