La personne en charge de la préfiguration des trois ports de l'Axe Seine, aujourd’hui réunis au sein du GIE Haropa et appelés à se fondre au sein d’un établissement public portuaire unique d’ici le 1er janvier 2021, est enfin nommée. Il s'agit de Catherine Rivoallon, actuelle présidente du conseil d’administration du Port autonome de Paris et spécialiste de la supply chain au profil international, ayant réalisé tout son parcours professionnel au sein de grands groupes de la distribution.
C’est à l’occasion du colloque « Vallée de la Seine » le 7 janvier à Paris que le Premier ministre, Édouard Philippe, a (enfin) révélé l’identité de la personne chargée de piloter l’intégration « plus poussée » des trois ports de l’axe Seine ‑ le port autonome de Paris et les grands ports maritimes du Havre et de Rouen – aujourd’hui réunis au sein du GIE Haropa et appelés à se fondre au sein d’un établissement public portuaire unique d’ici le 1er janvier 2021. Conformément à ce qu’avait annoncé Édouard Philippe lors du dernier Comité interministériel de la mer (CIMer) le 15 novembre 2018 à Dunkerque.
Contre toute attente – plusieurs profils ont circulé – ce n’est pas un haut fonctionnaire qui a été choisi mais une représentante des chargeurs, spécialiste de la supply chain au profil international et ayant réalisé tout son parcours professionnel au sein de grands groupes de la distribution.
Présidente du conseil d’administration du Port autonome de Paris, la franco-danoise diplômée d’HEC Paris Catherine Rivoallon est depuis janvier 2017 directrice de la supply chain de Vivarte (ex groupe André), un des groupes de distribution français les plus influents dans le prêt-à-porter et la chaussures (1 200 magasins, CA de 2Md€, 12 enseignes). Elle a auparavant exercé plusieurs responsabilités au sein du groupe Monoprix, notamment en charge du développement et de la logistique à l’international.
Intégrer les propositions faites par la CGT des Ports et Docks
Dans le cadre de sa mission, qui vise à définir l’ensemble des questions stratégiques, organisationnelles et opérationnelles liées à cette préfiguration, elle devra « proposer un projet stratégique d’établissement pour 2020-2025, ainsi qu’une trajectoire financière sur 5 ans » et ce, en associant étroitement les représentants du personnel, indique le communiqué du Ministère des transports. Dans la lettre de mission en date du 7 janvier remise à Catherine Rivoallon, il est d’ailleurs bien spécifié qu’elle devra, dans ce cadre, s’appuyer sur les travaux du préfet François Philizot et sur les propositions faites par la CGT des Ports et Docks.
Elle n’aura pas la tâche facile car la fusion a déjà généré des mouvements d’humeur chez les syndicats qui, craignant les doublons, ont déjà manifesté leurs réserves par des appels à grève. Sans parler des jeux de pouvoir et des inerties propres au système qui vont inévitablement se manifester.
Pour mener sa mission, elle pourra s’appuyer « d’une part sur les équipes dirigeantes et les administrations des trois ports, et d’autre part sur un comité de préfiguration composé de cinq personnalités ». Présidé par la député socialiste et ex-ministre sous la présidence Hollande, Valérie Fourneyron, ce comité associera Thierry Tuot, conseiller d’État, Gilles Belier (avocat et membre du Haut conseil du dialogue social), Emmanuelle Perron, présidente du conseil de surveillance du GPM du Havre et Frédéric Henry, président du conseil de surveillance du GPM de Rouen.
Ordonnance pour accélérer
À l’issue de sa phase de concertation avec les partenaires sociaux et économiques, et avec les collectivités territoriales concernées, le comité de préfiguration devra « proposer d’ici l’automne, les règles de fonctionnement du nouvel ensemble portuaire : nous inscrirons ces règles dans une ordonnance que nous adopterons en application de la loi d’orientation des mobilités », dont l’examen au Parlement est annoncé en mars, a indiqué le Premier ministre.
Les attentes du gouvernement sont fortes mais pas plus que celles émanant des clients des ports concernés auxquels il faudra également démontrer les avantages d’une telle fusion. Certains ont eu l’occasion de dire à l’occasion du colloque que les infrastructures n’étaient pas actuellement au niveau attendu, parfois avec radicalité...
--- Adeline Descamps ---