Le 14 décembre prochain, la France soumettra à Bruxelles le dossier de l’intégration des ports bretons de Brest et Roscoff au réseau transeuropéen de transport (RTE-T) dont la carte doit être révisée. En 2013, la Bretagne n’avait pas été retenue dans ce réseau central qui doit quadriller l’Europe grâce à un ensemble de neuf corridors ferroviaires et routiers.
Sur les 33 Md€ prévus sur la période 2021-2027, les deux tiers seront destinés à l’entretien des infrastructures de transport existantes et à l’aménagement de nouvelles. En amont de cette révision, les États membres ont fait valoir leurs propositions. Les élus et les ports des régions Bretagne et Normandie ainsi que les opérateurs du transmanche (DFDS, Brittany Ferries et Getlink) avaient faire part avant l’été de leurs inquiétudes à ce sujet.
Carte validée début 2022
Aujourd’hui, seuls les ports du Havre, de Rouen, de Dunkerque et de Calais figurent dans le RTE-T par le biais des corridors Atlantique et Mer du Nord-Méditerranée qui s’étendent jusqu’en Irlande. Jusqu’au Brexit, l’Irlande était pour sa part connectée au corridor Mer du Nord-Méditerranée qui passait par le Royaume-Uni puis Calais. Avec le Brexit, les ports normands et bretons (Brest, Roscoff, Cherbourg, Caen et Dieppe) demandent leur intégration au RTE-T au titre de la continuité territoriale de l’Union européenne avec l’Irlande.
Militant depuis des années en faveur de ce projet, les présidents de la Région Bretagne, du Conseil départemental du Finistère, de Brest Métropole et de la CCI départementale, qui disent avoir « joué collectif » et « chassé en meute » dans cette affaire, ont présenté la semaine dernière à Brest les étapes à venir. La carte révisée du réseau transeuropéen de transport devrait être validée par la Commission au début de l'année prochaine.
Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest métropole, Maël Calan, président du Département Finistère, et Frank Bellion, président de la CCI métropolitaine Bretagne ouest ©DR
850 M€ d’investissements à concéder
En cas de feu vert européen, la réalisation des travaux d’aménagements pour la mise aux normes du réseau ferré breton jusqu'au nœud ferroviaire de Rennes nécessitera un engagement financier de 850 M€, selon une estimation « à la louche » du président de Région Loïg Chesnais-Girard.
Si le sujet relève de l’aménagement du territoire – et donc de la compétence de l'État –, les collectivités n'entendent pas se dérober et se disent prêtes à apporter leur contribution. « Nous sommes prêts à jouer tout notre rôle, aux côtés de l'État, pour défendre ce dossier auprès de l'Europe, promettent-elles.
« Les ports de Brest-Roscoff peuvent répondre demain à des critères qualitatifs susceptibles d'intéresser Bruxelles, assurent-ils. Parmi les cartes à jouer, celles du cluster portuaire, des capacités d'accueil 24/24 en toute sécurité, de la décarbonation des transports, de connexions directes avec l'Irlande ou encore des autoroutes de la mer ».
Opportunité offerte par le Brexit
Les élus bretons ne perdent pas de vue l’opportunité, héritée du Brexit, pour la Bretagne nord, porte d’entrée continentale la plus proche pour l’Irlande. Un pays vers lequel Brittany Ferries entretient depuis de nombreuses années des liaisons régulières à partir de Roscoff. Enfin, rappelle Maël de Calan, président du département finistérien, si Bruxelles cautionne, il y aura des financements importants à la clef. Pour rappel, les subventions européennes ne seraient octroyées que d’ici une dizaine d’années.
Avec la contribution de Gérard Le Brigand