Les années « difficiles » s’enchaînent sur le port de Bordeaux. Depuis 2013, où le trafic dépassait les 9 Mt, les flux de marchandises ne cessent de décroître passant sous la barre des 8 Mt en 2016 puis sous celle des 7 Mt en 2019. En cause, la baisse structurelle sur les exports de céréales et les imports de produits raffinés.
2019 fut une année particulière, marquée par les négociations dans le cadre de la réorganisation de la manutention et de l’activité l’ex-société de manutention Bordeaux Atlantique Terminal reprise par le port, un changement de gouvernance et une longue mise en place du Conseil de surveillance. S’y sont greffés des aléas économiques résultant de tendances qui se confirment d’année en année. Les importations d’hydrocarbures – le premier segment de trafic du Grand Port maritime de Bordeaux – accusent un nouveau fléchissement, certes moins prononcé, mais de façon continue selon les années. Ainsi, en 2019, les entrées d’hydrocarbures raffinés et gaz (3,5 Mt) étaient en recul de 1,6 % (- 58 000 t). La réception de 500 000 t, uniquement sur le mois de décembre 2019, a permis de modérer la spirale baissière structurelle.
Les mauvais jours des exports céréaliers
Autre secteur clé, les exports de céréales qui, il y a 5 ans, flirtaient avec 1 Mt, ont atteint en 2019 seulement 570 000 t, soit un repli de 20 % et une perte de 130 000 t par rapport à 2018. En cause : un hinterland qui délaisse la culture de maïs, la concurrence toujours plus vive des pays de la mer Noire et, plus conjoncturelle, la piètre qualité de la récolte de maïs l’an dernier. Si quelques espoirs renaissent cette année sur le blé, les beaux jours de l’export du maïs ne seront sans doute pas pour cette année non plus. En corrélation – les deux filières étant liées – les entrées d’engrais manufacturés et d’ammoniac liquéfié régressent de 11 %, soit un manque à gagner de 50 000 t en 2019.
Les marchandises diverses à la peine
Par ailleurs, atteignant les 400 000 t en 2019, les marchandises diverses enregistrent l’une des plus fortes baisses : - 28 % notamment au niveau des imports. L’arrêt du service de MSC en juillet 2018 pèse toujours sur l’activité conteneurs. Désormais seul opérateur de la place, CMA-CGM, même s’il a augmenté son volume de 2,5 %, n’a pas compensé les volumes avec 30 643 EVP (pleins et vides) en 2019. Les trafics sont toujours en deçà de leur niveau de 2018 de 25 %. Le segment a été en outre percuté par les grèves liées au mouvement national contre la réforme des retraites alors que les autres trafics ont été relativement épargnés.
À noter également : les entrées de clinkers, laitiers et ciments, en régression de 53 %, en raison de l’arrêt du trafic sur Bassens en cours d’année et, au niveau des exports, un trafic de ferrailles en berne de 40 %, que le port espère relancer bientôt avec la montée en puissance de l’entreprise AFM Derichebourg.
Saipol booste les entrées d’oléagineux
L’activité de l’usine de trituration Saipol à Bassens, dont les importations de graines oléagineuses et d’huiles reparties à la hausse, ont offert à l’activité portuaire bordelaise un gain de 100 000 t (+ 43 %). De même, Vermillion, suite à des problèmes techniques sur leur site parisien, a reporté certains de ses flux à Bordeaux, boostant les exports d’hydrocarbures (+ 27 %), qui ont profité en sus de l’activité dynamique du groupe Diester-Avril.
Quant au trafic de passagers, le GPMB a engrangé 53 escales de paquebots (+ 20 %) en 2019, dont la majorité touchant à Bordeaux-centre, et 42 000 passagers.
Marianne Peyri