En 2022, le Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) a enregistré plus d'escales avec 1 647 mouvements mais son tonnage a plafonné à 6,54 Mt, soit un manque à gagner de 150 000 t (- 2 %) par rapport à 2021. Les sorties (4,9 Mt) comme les entrées (1,6 Mt) ont accusé une régression dans les mêmes proportions. Parmi les filières-socles, sans surprise à l'image du panorama portuaire hexagonal, les imports d’hydrocarbures – le plus grand tonnage du port avec 3,4 Mt –, ont grimpé de 3 % « notamment le gasoil et l’essence en hausse de 7 % sans doute par un effet de rattrapage de la baisse liée l’an dernier à la crise sanitaire », estime Didier Domens, chef du service développement, logistique et industrie du port.
Répercussions de la crise énergétique
De même les volumes de jet ont retrouvé les volumes plus classiques. Les biocarburants, eux, poursuivent leur progression (+ 56 %) en entrée et en sortie (+ 30 %), à 380 000 t. En revanche, les trafics de fuel et de charbon décrochent. Sur ce dernier trafic, la moitié a été perdue en raison d’un ralentissement de l’activité des industriels. Les sorties de pétrole brut ont fortement ralenti face aux difficultés d’exploitation de Vermilion à la suite des grands incendies de cet été en Gironde.
La crise énergétique, elle, a particulièrement impacté les matières premières industrielles. Compte tenu du prix du gaz, les acteurs de l’ammoniac ont réduit leur production et en conséquence leurs imports (- 25 %). Il en va de même sur le sel, utilisé dans des process industriels, dont le trafic a chuté de 36 %.
Un trafic céréalier en hausse
Autre filière de poids à Bordeaux, les vracs agro-industriels s’illustrent par une bonne année sur les exports céréaliers en hausse de 2,5 % (520 000 t), et ce malgré une mauvaise seconde partie de campagne liée aux conditions climatiques de l’été 2022. En revanche, les sorties de graines oléagineuses ont perdu la moitié de leur volume habituel.
De même, en entrées, ces produits régressent de 16 % (138 000 t) alors que le GPMB traitait jusqu’à 400 000 t en 2019, une tendance qui s’explique par l’augmentation de cultures de graines oléagineuses dans l’hinterland. Les entrées d’huiles végétales restent stables quand celles des engrais essentiellement liquides baissent fortement.
Un trafic forestier à repeupler
Représentant 800 000 t, les filières dites de territoire ont connu des fluctuations variables. Après le départ d’un industriel du bois en 2020, le trafic forestier renaît à Bassens avec de l’import de rondins pour des papeteries. De plus, à la suite des incendies de l’été dans le sud-ouest, un trafic d’export en Scandinavie de plaquettes énergie est à l’œuvre, devenu effectif début 2023. Au niveau des exports, on constate le retour en force du trafic de quartz, préacheminé depuis le Lot par voie ferroviaire, qui pourrait dépasser cette année les 100 000 t.
Seul port conteneur régional
Le trafic conteneur est, quant à lui, quasi similaire à l’an dernier avec 24 818 EVP. Alors que des travaux sont menés depuis trois ans pour moderniser le terminal conteneur de Bassens, la direction a multiplié les démarches commerciales pour attirer un deuxième service feeder. « On espère en récolter les fruits cette année avec la venue éventuellement d’un opérateur neutre qui s’ouvrirait à toutes les compagnies maritimes », annonce Didier Domens qui souligne qu’avec l’arrêt du feeder de La Rochelle, Bordeaux se place désormais comme le seul port conteneur régional.
Marianne Peyri