Le gouvernement veut relancer les autoroutes ferroviaires. Parmi elles, Sète-Calais. Anticipant une filière d’avenir, le port de Sète investit 10 M€ dans une nouvelle plateforme ferroviaire. Les travaux débutent ce mois-ci. Autre priorité, les travaux de recalibrage du canal de Rhône à Sète.
Le port de Sète veut jouer l’intermodalité, en misant sur la massification par le ferroviaire et le fluvial pour attirer de nouveaux trafics dans les prochaines années. Une stratégie validée par l’actualité, puisque le Premier ministre Jean Castex a jugé, cet été, prioritaire le lancement de l’autoroute ferroviaire Sète/Calais. « Le port commence les travaux de la nouvelle plateforme ferroviaire, pour une livraison en juin 2021. Elle pourra accueillir trois trains simultanément et offrira une possibilité de chargement horizontal des remorques et des containers. Il y a certes eu un arrêt des trains du fait du Covid, mais le développement du ferroviaire est une priorité », détaille Olivier Carmès, directeur général du port. Le trafic de Cem’In’Log (clinker) passe ainsi de 50 000 à 150 000 t entre 2019 et 2020, avec un objectif de 300 000 t.
Facture salée pour le recalibrage du canal de Rhône à Sète
Plus ardu, le fluvial. Le recalibrage du canal de Rhône à Sète, pour y faire circuler des barges de 1 800 t à terme au lieu de 1 000 t aujourd’hui. Le coût total s’élève à 160 M€ : 60 millions de plus que le budget initial projeté, à la charge de l’État, de la Région Occitanie, de VNF et de l’Europe. « Des berges se sont effondrées. Des travaux de consolidation de l’existant sont nécessaires, en plus du dragage et de l’élargissement », souligne Olivier Carmès. Mais la volonté d’aller au bout subsiste. « Le développement du fluvial depuis Sète évitera 15 000 camions par an sur les routes. La taille des navires est de plus en plus importante. L’investissement est certes élevé, mais c’est une stratégie qui porte sur les cinquante prochaines années. »
Adaptation des tarifs à l’indice environnemental des navires
Le port veut également verdir ses process, avec la couverture de 12 ha de terre-pleins par des panneaux solaires au sol. Et, à partir du 1er janvier prochain, avec l’adaptation de ses tarifs par rapport à l’indice environnemental des navires. « Le coût de passage portuaire des navires présentant un indice intéressant sera réduit, avec un impact prévu de 200 000 € à l’année », souligne le directeur général du port.
Un responsable Innovation est recruté, pour booster les solutions de branchement à quai, mener un projet de barge hydrogène, développer du photovoltaïque sur les façades des hangars… Au rang des autres gros dossiers, la vente de Saipol (Groupe Avril), qui emploie 80 salariés à Sète. « Les négociations avancent, l’objectif est de signer un accord avant la fin de l’année », confie Olivier Carmès. Ou encore, le décollage enfin espéré du terminal frigo, exploité par Conhexa. « On a du mal. On a des chargeurs potentiels sur l’Afrique de l’Ouest, mais nous ne parvenons pas à avoir une ligne régulière pour des conteneurs. » Dans l’attente, Denjean Logistique opère une activité de logistique pure (stockage de produits secs), qui occupe 70 % de l’espace. À suivre également, la construction d’une nouvelle gare maritime, à partir de 2021. La mise en exploitation est prévue fin 2023-début 2024.
Le trafic 2020 du port de Sète devrait s’approcher du tonnage de 2019 (4,3 Mt). Le chiffre d’affaires devrait baisser de 15 %, avec notamment la perte de 60 000 croisiéristes. « Sans la crise, nous aurions atteint les 5 Mt », assure Olivier Carmès.
Hubert Vialatte
Nouveaux espaces logistiques à disposition
Port Sud de France propose de nouvelles surfaces foncières, sur une superficie de 17 ha (incluant terrains et entrepôts), dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt. Ces lots, disponibles et modulables, ciblent « des acteurs logistiques en lien avec l’activité portuaire », précise l’exploitant du port sur son site web. Trois lots sont disponibles et commercialisables à court terme.