« On sort de l’ornière », a annoncé Philippe Dorthe, le président du Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) à l’occasion d’une conférence de presse le 25 janvier. Marqué par une baisse structurelle de ses trafics depuis 2013, d’une année noire en 2018 et de longs mois de crise sanitaire, le port bordelais relève la tête en 2021 avec un trafic hausse de 10,3 %, à 6,6 Mt.
Il renoue ainsi avec son niveau de 2019, à 6,8 Mt. Ce dynamisme est d’autant plus notable, souligne Jean-Frédéric Laurent, le président du directoire du GPMB, que « ce n’est pas un rebond sur les filières socles du port de Bordeaux, les hydrocarbures et les céréales, mais sur des filières liées à la l’économie locale, agricole, BTP et produits de seconde vie ».
Il pointe cependant deux déceptions pour ce cru 2021 : un trafic conteneur à l’étale, « Bordeaux et sa ligne feeder n’ayant pas été priorisés par les compagnies », et une activité croisière limitée à 19 escales de paquebots.
Un gain de 430 000 t à l’import
La majorité des 1 570 mouvements de navires a été assurée l’an dernier par les imports (5 Mt, + 430 000 t). En hausse de 6 %, à 3,4 Mt, le trafic de produits raffinés et gaz, a été porté par une embellie sur les volumes d’essence et de bitumes, palliant les défaillances du kérosène,et du fuel domestique.
D’autres secteurs à l’import ont également bénéficié d’une meilleure conjoncture : + 14,7% pour les engrais et matières premières, + 150 % pour le charbon et le coke, + 16,5 % pour les produits chimiques et un envol des clinkers, laitiers et ciments dont les tonnages ont été presque décuplés. Le dynamisme du secteur du BTP s’est aussi illustré par une hausse de 250 000 t des entrées de granulats.
À l’export, la montée en puissance des filières de l’économie circulaire se matérialise par des flux de ferraille en forte hausse (+ 56 %). Les sorties de céréales (510 000 t, – 16 %) ont en revanche été impactées par la mauvaise campagne 2020-2021.
Près de 70 M€ d’investissement prévus jusqu’en 2026
Le plan stratégique 2021-2025 prévoit un investissement de 69 M€, cofinancé à hauteur de 31,2 M€. Le terminal conteneur de Bassens, le pôle naval, la transition écologique et, à plus long terme, le ferroviaire devraient en bénéficier.
Cette année, Bordeaux vise un trafic de 7 Mt par an, niveau jugé « nécessaire pour maintenir le niveau et la qualité des services », indique Jean-Frédéric Laurent, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale portuaire demandant aux ports d’être « davantage axés sur la valeur générée sur le territoire ».
Dans cette optique, le GPMB prépare le terrain tant pour créer de nouvelles lignes que pour attirer des investisseurs privés. Ainsi, sur le terminal conteneurs de Bassens, les travaux (12 M€) vont se poursuivre en 2021-2022. « On travaille en parallèle pour qu’une seconde ligne feeder soit relancée dès 2022, ce qui permettrait à terme de doubler les tonnages », précise Jean-Frédéric Laurent.
Faire de Bordeaux un « hub de l’hydrogène vert »
Ambitionnant de devenir un « hub d’hydrogène vert », le port va accompagner GH2, qui prévoit d’investir 200 M€ dans la production d’hydrogène et d’ammoniac. Par ailleurs, le permis de construire à Bassens une unité de méthanisation, avec valorisation de 25 000 t de biomasse, a été validé.
Jean-Frédéric Laurent ambitionne « d’attirer d’ici à 2030 au moins 500 M€ d’investissements privés. Nous avons d’ores et déjà un portefeuille de projets en cours, dont la valeur approche 1 Md€. Bordeaux redevient attractif pour les investisseurs. »
Marianne Peyri