Après avoir longtemps foré, le conteneur est de retour à flot à Anvers-Bruges au premier semestre

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Port Antwerp-Bruges

Au cours des six premiers mois de l'année, le second port européen est revenu à la surface sur son segment phare, le conteneur, qui représente la moitié de ses volumes. Il resserre même l'écart avec le leader invaincu, Rotterdam. Concernant l'ensemble des trafics, le second trimestre a permis de redresser le cap et de finir le semestre sur une croissance de 3 %.  

C’est une arithmétique imparable. Et elle confirme le principe des vases communicants. Quand un volume baisse d’un côté mais augmente de l’autre alors il est susceptible de s'équilibrer à la même hauteur…

Au premier semestre, le conteneur à Anvers-Bruges, appellation des ports d’Anvers et de Zeebrugge fusionnés, s'est enfin redressé après avoir traversé un long tunnel au débouché du Covid. Avec une hausse de 4,1 % en EVP (6,66 MEVP) et de 6,8 % en tonnage (74,2 Mt) par rapport au premier semestre de 2023, le second port européen a resserré son écart avec le leader invaincu, Rotterdam. Le port néerlandais a également retrouvé des couleurs sur ce segment mais la croissance y a été deux fois plus faible que pour le Belge.

La boîte pèse lourd à Anvers, représentant près de la moitié du tonnage total et si on ajoute les vracs liquides (46,1 Mt), ce sont près de 80 % de l'ensemble des volumes traités. À l'issue du premier semestre, 143,2 Mt avaient été traités par l'établissement portuaire, en hausse de 3 % par rapport à la même période de l'année précédente.

« Cette tendance à la hausse, qui a débuté au premier trimestre sous l'effet d'une demande accrue de transport de conteneurs, s'étend désormais à d'autres catégories de produits. Et ce, en dépit des tensions géopolitiques persistantes et d'un climat macroéconomique incertain », assure Jacques Vandermeiren, le CEO du port d'Anvers-Bruges.

Trop-plein de GNL ?

Pour les vracs liquides, la reprise n’est pas encore probante. Les volumes n’ont augmenté que de 0,7 % mais ce sursaut intervient à la fois après un premier trimestre en baisse et un retrait de 3,2 % l’an dernier à la même période. La baisse des entrées de 2,4 % a été compensée par une hausse des sorties de 5,4 %. « Malgré la pression constante sur la compétitivité de l'industrie chimique européenne en raison des coûts élevés de l'énergie, des matières premières et de la main-d'œuvre », fait valoir la direction, la reprise de la demande a entraîné une augmentation des volumes de naphta (8,2 %) et de produits chimiques (+ 6,7 %), ce dernier segment accusait une baisse de 15,4 % l’an dernier.

Les flux de diesel ont en revanche chuté de 19,3 %, le GNL et les autres gaz énergétiques également, de 6,4 % et 3,6 % respectivement. La chute du GNL, que l’autorité portuaire n’explicite pas, peut-être liée à des effets de stocks (pleins). Les ports européens ont fait le plein depuis la guerre en Ukraine et les tensions qui s’en sont suivies entre la Russie et le bloc européen, ce qui a les a conduits à diversifier leurs sources d’approvisionnement.

Retour des engrais, catégorie phare des vracs

Le retour des volumes dans le vrac sec est encore plus timide (+ 0,4 %, 7,6 Mt), reflet d’un déséquilibre entre les importations (- 6 %) et les exportations (+ 10,9 %). Là encore, le deuxième trimestre a été précieux pour redresser le cap après les trois premiers mois catastrophiques (-12,2 %). Si les six premiers mois de l’année sont sans relief, ils contrastent avec la contraction du segment de 12,9 % observée l’an dernier. Le redressement a été largement opéré.

Sur le premier semestre, les engrais, moteurs de la catégorie, surperforment (+ 34,8 %). En revanche, les imports de charbon poursuivent leur dégradation (- 40 %). Effet hiver doux et/ou excédents de l’anthracite en Europe ? Les céréales (- 9,5 %), par définition soumises aux aléas météorologiques et géopolitiques, n’ont pas non plus été au rendez-vous. Mais les raisons restent à motiver.

Décadence du breakbulk

Les marchandises diverses conventionnelles sont de plus en plus décevantes pour Anvers, ancien phare du breakbulk en Europe. Les trafics ont été, au premier semestre, inférieurs de 6,2 % (5 Mt) à ceux de la même période de l'année précédente, la hausse des exports de 4,5 % ne permettant pas de couvrir la baisse des imports de 12,6 %. « Au cours des six derniers mois, la production de fer et d'acier est restée plus ou moins stable [+ 0,6 %], avec une croissance des exportations [+7,4 %] et une baisse des importations [-3,7 %] », complète le port.

Ro-ro : baisse de régime des échanges palliatifs avec l'Irlande

Le trafic roulier, en chute de 5,7 %, a pâti en partie de la congestion des terminaux automobiles en raison de la modification du modèle commercial des constructeurs automobiles qui stockent désormais dans les ports. La baisse de la demande a par ailleurs entraîné une diminution de 13,2 % de l'ensemble des dits « matériaux de transport » : les voitures d’occasion (- 45,8 %), les véhicules lourds (- 22,7 %), les camions (- 17,6 %) et les voitures neuves (- 9 %). Ainsi, 1,66 million de voitures ont été importées ou exportées. Le fret non accompagné (à l'exclusion des conteneurs) a, quant à lui, augmenté de 2,4 %.

Le trafic avec la Grande-Bretagne continue de perdre des points avec une nouvelle baisse de 4,6 %, plus que compensée par une augmentation des échanges à destination et en provenance de l'Espagne et du Portugal (+ 35 %) et de la Scandinavie (+18 %). En revanche, l’Irlande, qui avait offert un palliatif au manque à gagner britannique, s’essouffle, enregistrant une légère hausse de 1,4 % versus près de 17 % en 2023.

« Écologisation » du remorquage portuaire

Parmi les faits saillants du deuxième trimestre, se vante la direction, la « réalisation d’une première mondiale », avec l’entrée en service en mai du Methatug, un remorqueur de 30 m de long à la force une force de traction de 50 t propulsé au méthanol. Quelques mois auparavant, le port avait réceptionné l’Hydrotug1, qu’il revendique aussi comme un pionnier dans le remorquage à l’hydrogène. Un autre remorqueur à propulsion électrique doit être livré dans l’année.

Pour le Methatug, les moteurs d'un remorqueur existant ont été convertis en moteurs dual fuel avec une capacité de stockage de 12 000 l de méthanol, « ce qui est suffisant pour deux semaines de remorquage », fait valoir le port flamand.

Au cours du deuxième trimestre, Anvers-Bruges s’attribue un autre fait d’armes avec le premier soutage au méthanol d’un porte-conteneurs, l’Ane Maersk, début avril. Il en fait un jalon dans sa stratégie à devenir un hub multi-carburants sur le range nord-européen tandis que les premières connexions électriques à quai pour les porte-conteneurs ont été effectuées.

Adeline Descamps

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