L'opération, que MSC ne commentera pas, relève du très plausible. MSC aurait conclu un accord avec le groupe hongkongais Hutchison pour acquérir une participation de 50 % dans le terminal à conteneurs Barcelona Europe South Terminal (BEST), un des deux terminaux à conteneurs du port catalan.
Alphaliner, cabinet d'analyse spécialiste de la ligne régulière, fait état d'un accord de principe entre le leader mondial du transport maritime de conteneurs et le premier opérateur portuaire basé à Hong Kong.
Le port espagnol dispose actuellement de deux grands terminaux de conteneurs.
APM Terminals exploite (en étant seul à la manœuvre) l'un d'entre eux – APM Terminals Barcelona –, aligné sur un quai de 1 515 m et disposant d'une capacité nominale d'1,5 MEVP. Maersk, pourtant actionnaire d'APM Terminals, n'y escale pas et organise ses escales dans l'installation voisine, celle d'Hutchison.
En 2021, APM Terminals a obtenu le prolongement de la concession jusqu'en 2036 et prévoit de l'équiper notamment de grues navire-terre (STS) de façon à traiter plus de mégamax.
Capacité de 2,65 MEVP
Opéré par Synergy, filiale de l’opérateur portuaire hongkongais Hutchison, Hutchison Ports BEST, affiche une capacité nominale de 2,75 MEVP sur un quai de 1 500 m équipé de 13 STS de grande capacité.
Le terminal est l'un des plus automatisées en Europe du Sud, desservi par RMG dans une disposition verticale. Il est question de porter sa capacité à 3,34 MEVP. Les travaux pour préparer les terrains ont été lancés
Le transporteur italo-suisse, qui exploite Valence (1,6 MEVP) pour le transbordement, est l'un des premiers clients de BEST, lui assurant 50 % de son trafic selon les données d'Alphaliner. L'installation est notamment capable de traiter ses 24 000 EVP, ceux exploités sur la boucle Asie-Méditerranée Jade dans le cadre de son partage de capacités avec Maersk et l'alliance 2M
La rupture entre MSC et Maersk au sein du groupe 2M a été officialisée l'an dernier sera effective en janvier 2025. Bien que les deux compagnies maritimes aient initié depuis plusieurs mois les démarches pour démanteler les services qu'elles fournissent en commun, l'exception à ce démantèlement, selon Alphaliner, est la ligne entre la Méditerranée et le Golfe des États-Unis, qui touche Barcelone, Valence et Algésiras. 2M exploite cette ligne avec une flotte mixte composée de cinq navires MSC de 7 470 à 9 580 EVP et de quatre navires Maersk de 6 540 à 7 250 EVP.
Développement intermodal
Outre le fait de sécuriser ses capacités (et les revenus), motivation avancée par la plupart des grands carriers quand ils se positionnent sur les quais, les installations ferrovaires du terminal barcelonais – huit voies d'une longueur de 750 m et d'un double écartement (UIC et ibérique) –, pourraient ne pas être étrangères à l'intérêt du leader mondial du transport maritime de ligne.
Le groupe MSC développe une stratégie d'intégration verticale qui s'étend à la partie terrestre via Medway. Avec une flotte de 120 locomotives, son opérateur ferroviaire Medway fournit des services sur l'ensemble de l'arc méditerranéen, avec des connexions entre l'Espagne et la France, ainsi qu'avec le Portugal, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne.
En septembre dernier, le commissionnaire de transport du groupe MSC, Medlog, à laquelle est rattachée la branche ferroviaire de MSC, a par ailleurs été sélectionné par la Renfe Mercancías, équivalent espagnol de Fret SNCF, pour reprendre 50 % des parts de cette dernière.
MSC, qui cherche à développer des services intermodaux vers la vallée de l'Ebre, la Navarre voire le Pays basque pour les marchandises à destination/en provenance d'Asie, pourrait trouver à Barcelone, qui multiplie les services intermodaux vers le sud de la France, une compétitivité plus grande que depuis Valence, mieux placé pour attaquer le centre espagnol.
Maersk est très investi dans une démarche similaire, comme ses derniers développements l'illustrent mais sur le terminal voisin. Particulièrement proactif dans les connexions intermodales de « port à portes » et dans son attaque du marché français, Synergy a lancé une nouvelle liaison ferroviaire vers Toulouse en novembre, en partenariat avec le transport danois. Dans le même temps, ce dernier dernier a lancé, en solo, un service vers Lyon.
Adeline Descamps
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