Le rebond observé dans le recyclage au second semestre 2023, avec 81 000 EVP envoyés au rebut, n’aura donc pas eu de suite. La situation en mer Rouge n’y est pas étrangère. Le détournement d’une majorité de la flotte mondiale de porte-conteneurs via le cap de Bonne Espérance consomme du navire pour compenser les distances de navigation. Même l'afflux de livraisons (1,7 MEVP livrés depuis le début de l'année) ou le rétablissement du transit par le canal de Panama n'ont pas réussi à déstabiliser le marché. La surcapacité est actuellement quasiment nulle et la demande a été soutenue une bonne partie du premier trimestre sur certaines routes.
Dans ces conditions favorables, les propriétaires et les transporteurs ont préféré exploiter les anciens navires plutôt que de les envoyer à la casse malgré un prix d’achat à la ferraille incitatif. Alphaliner a d'ailleurs revu ses prévisions de démolition de porte-conteneurs à la baisse, ramenée à 120 000 EVP pour 2024 et 250 000 EVP pour 2025.
Des commandes en pagaille
En dépit du niveau d’incertitudes élevé au regard des tensions géopolitiques, des sanctions, des embargos, des barrières commerciales que les États-Unis et l’Europe érigent pour protéger leurs économies du rouleau compresseur chinois, les armateurs continuent de passer commandes.
Depuis le début de l'année, ils ont contracté l'équivalent de 1,59 MEVP, un niveau seulement dépassé trois fois depuis 2008, les deux précédents remontent aux sept premiers mois de 2021 et 2022. Depuis 2021, la capacité totale contractée s'élève à 10,47 MEVP selon les données du Bimco. La flotte devrait augmenter d'au moins 12 % avant la fin de la décennie, ajoute l'association d'exploitants de navires. En attendant, l’équivalent d’1,4 MEVP doit encore être mis à l'eau d'ici la fin de l'année, indique Alphaliner.
221 navires envoyés à la ferraille au premier semestre
Toutes catégories de navires confondues, le marché a été plus actif au premier trimestre qu'au deuxième : il s'est vendu 127 unités entre janvier et avril pour démantèlement en Asie du Sud-Est. Le Bangladesh en a réceptionné 41 contre 23 en Ince et 18 au Pakistan. Les tonnages confiés aux chantiers européens ont été un peu plus actifs qu'à l'ordinaire avecc 25 navires tandis que les chantiers turcs en ont acheté 18.
Entre avril et juin, les opérations se sont tassées puisque 94 navires ont échoué sur les pages de l'Asie du sud-Est. Chattogram au Bangladesh se distingue là encore (48 unités) contre 23 en Inde et quatre au Pakistan. Au sein de l'UE, seuls huit navires ont été réceptionnés pour recyclage.
Adeline Descamps
