Corsica Ferries va devoir compter sur la présence plus marquée d’un concurrent sérieux lors de la saison estivale 2024 sur les liaisons Corse-Italie. Ce n'est pas la première fois que la compagnie italienne empiète sur le précarré de la bastiaise. Elle avait tenté en 2018 de briser « le monopole » de cette dernière à Toulon.
L'annonce a été faite dernièrement à Ajaccio alors que la société dirigée par la famille Onorato a programmé deux nouvelles lignes sur la Corse pour la prochaine saison estivale : Piombino – Bastia (un retour car elle y a déjà opéré), avec deux rotations hebdomadaires de juin à septembre, et Gênes - Ajaccio - Porto Torres, trois fois par semaine.
Mais surtout, la compagnie italienne élargit la fenêtre de ses opérations. La ligne Livourne–Bastia, débutera dès avril 2024, et non en juin, pour se terminer aussi plus tard, début novembre.
La liaison Gênes–Bastia, qui sera toujours opérée de début juin à fin septembre, sera néamoins renforcée les week-end de juillet-août avec deux ferries contre un dans les saisons précédentes.
Arrivée de MSC
Pour rappel, l’arrivée de MSC dans le capital de la compagnie de ferries en mars 2022 avait tiré d’affaire le groupe qui chapeaute les marques Moby Lines, Tirrenia et Toremar.
Dirigé depuis le départ de Vincenzo Onorato de la présidence en octobre 2021 par Achille et Alessandro Onorato, incarnant la cinquième génération d’une grande famille d’armateurs italiens, le groupe italien s’efforçait alors de trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer une dette de 500 M€, dont une partie liée à l’acquisition dans la décennie 2010 de l’ex-compagnie publique italienne Tirrenia.
Il devait, dans le cadre de cette acquisition, 180 M€ à l'État italien. Une procédure de dépôt de bilan a été intentée en 2019 par un groupe de fonds spéculatifs. Le tribunal de Milan s’est toutefois prononcé contre la mise en faillite de Moby en octobre de la même année.
En janvier 2022, Moby avait annoncé être parvenu à un accord avec les détenteurs d'obligations basés aux États-Unis en vue de la réorganisation partielle de la société dans le cadre d'une faillite placée sous la juridiction américaine. Pour ce faire, la famille Onorato avait sollicité le chapter 15 de la loi sur les faillites, qui permet à une société étrangère d'avoir accès aux tribunaux américains.
MSC, qui détient déjà l’opérateur de ro-pax Grandi Navi Veloci (GNV) acquis en 2010 auprès de Grimaldi pour opérer des lignes depuis Gênes vers la Méditerranée, est arrivé à ce moment crucial pour l'avenir de la société. Un opération de sauvetage entre compatriotes qui a fait rappeler à ceux qui ont de la mémoire que les trois grandes familles italiennes d’armateurs – Aponte, Onorato et Grimaldi – avaient failli acquérir ensemble Tirrenia. Mais les autorités italiennes y avaient opposé leur véto, considérant que l’opération limiterait la concurrence dans le secteur du ferry,
Le Moby Fantasy, au GNL, en service
La spécialiste de la desserte de la Sardaigne et de l'Île d'Elbe depuis l'Italie avec ses ferries identifiables par ses coques flanquées des personnages iconiques de la Warner Bros, a navigué ces vingt dernières années entre échecs et succès au gré de ses acquisitions.
À l’occasion de la nouvelle saison, le Moby Fantasy, avec sa coque à la baleine bleue, entrera en jeu sur la ligne Livourne-Olbia-Livourne. Le premier super ferry (3 000 passagers, 1 300 voitures, 441 cabines ) au GNL de la compagnie a survécu aux mouvements dans le capital.
Adeline Descamps
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