Transactions d'ampleur dans le secteur pétrolier et gazier américain

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In the evening, the outline of the oil pump

Crédit photo Getty Images/iStockphoto
Chevron va racheter Hess, également producteur américain de gaz et de pétrole, pour 60 Md$, moins de deux semaines après l'annonce d'acquisition de Pioneer par ExxonMobil pour près de 65 Md$. Pioneer et Hess offrent notamment aux super majors un accès au pétrole dit à cycle court, rapidement exploitable et mis sur le marché, celui issu des roches de schiste.  

Deals coup sur coup dans le domaine pétro-gazier. Moins de deux semaines après une opération à près de 65 Md$ (dette comprise), c'est une transaction à 60 Md$ qui vient d'être annoncée. Des signes avant-coureurs d'une certaine consolidation de cette industrie, en particulier dans le secteur du schiste.

La major texane Chevron a annoncé, par un communiqué, le rachat de Hess, producteur américain de gaz et de pétrole (bénéfice net de 2,2 Md$ en 2022) tandis qu'ExxonMobil avait fait part, il y a deux semaines, de l'acquisition de la texane Pioneer Natural Resources, également dans le gaz de schiste aux États-Unis (bénéfice net de 7,8 Md$ pour un chiffre d'affaires de 24,29 Md$).

Cette dernière opération, évaluée à environ 64,5 Md$, devrait ancrer davantage ExxonMobile dans le bassin permien, gisement d'envergure couvrant une partie du Texas et du Nouveau-Mexique. Elle est présentée comme la plus importante acquisition depuis sa méga-fusion avec sa compatriote Mobil en 1999.

Belle prise pour Chevron

Quant à la transaction entre Chevron et Hess, elle est estimée à 60 Md$, également avec les dettes, ont indiqué les sociétés. Elle devrait être aussi finalisée au cours du premier semestre 2024.

Avec cette opération, Chevron met la main sur les positions de Hess dans le bloc pétrolier offshore de Stabroek au large du Guyana (Amérique du Sud), un gisement pétrolier qui attise l'appétit des compagnies pétrolières avec ses 11 milliards de barils d'équivalent pétrole. Quelque 30 % seront exploités par Chevron à l'issue de la transaction.

Hess apporte aussi à l'autre géant texan une activité stable dans le gaz naturel en Asie du Sud-Est et une présence dans le bassin Bakken (Dakota du Nord), riche en pétrole de schiste, ainsi que dans les eaux profondes du golfe du Mexique et du golfe de Thaïlande.

Débat sans fin

Alors qu'il y a des débats sans fin sur la date du pic de la demande, la consommation mondiale de pétrole est proche de son niveau le plus élevé. Et les deux super majors texanes semblent pense que la demande de pétrole restera suffisamment importante pour justifier de tels investissements.

Dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales, récemment publié, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'attend à ce que la demande mondiale de charbon, de pétrole et de gaz naturel atteigne un niveau record d'ici 2030 quand bien même la transition énergétique est bien en cours.

« La transition vers les énergies propres est en cours dans le monde entier et rien ne pourra l'arrêter. Ce n'est pas une question de "si", c'est juste une question de "quand" - et le plus tôt sera le mieux pour nous tous », a commenté Fatih Birol, le directeur général de l'AIE à cette occasion.

Selon ses données, au niveau mondial, les investissements en faveur des énergies propres devraient atteindre 2,8 billions de dollars (trois zéro de plus que le milliard) dont 1,7 billion dans les technologies propres. Le reste sera consacré aux combustibles fossiles, tels que le charbon, le gaz et le pétrole, selon l'AIE. 

Ils restent les sources d'énergie les plus rentables et les plus facilement transportables et stockables, comparé aux alternatives vertes dont les coûts restent prohibitifs.

Un pari sur l'avenir ?

Cela n'a pas échappé aux analystes. Les compagnies pétrolières et gazières américaines sont plus à l'aise pour augmenter leurs participations que ne le seraient les majors européennes, soumises à des réglementations plus strictes en matière d'émissions qu'aux États-Unis. Un pari donc des Américaines sur la politique intérieure de leur pays ? Elles ne semblent pas croire que de nouvelles politiques climatiques pourraient canaliser le niveau de production nationale de pétrole et de gaz aux États-Unis.

Les conditions géopolitiques, qui resserrent l'offre, les confortent dans leur stratégie à disposer de réserves pour pallier toute insuffisance du marché, politique de décarbonation ou pas.

Dans ces conditions, Pioneer et Hess offrent à Exxon et Chevron un accès au pétrole au cycle court, celui que l'on trouve dans les roches de schiste du bassin permien : des réserves d'hydrocarbures qui peuvent être mises sur le marché entre six mois et un an, alors qu'il faut cinq à sept ans pour exploiter celles en eaux profondes au large des côtes.

Elles peuvent ainsi être plus réactives face aux fluctuations des prix du pétrole et du gaz.

Les associations en franc-tireurs

Les deux groupes ne pourront pas faire l'impasse sur quelques embûches, à savoir les actions en justice menées par de nombreux comtés et États américains (dont la Californie) contre les activités fossiles des deux groupes.

Chevron a affiché en 2022 un bénéfice record de 35,5 M$ l'an dernier. Le pétrole se négocie actuellement au-dessus de 87 $ le baril, un niveau historiquement élevé.

Adeline Descamps

 

 

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