Les dirigeants du Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire avaient vu juste début 2022 en prédisant un retour au nominal de l’activité. Ils avançaient des volumes de 29 à 31 Mt. Finalement, le curseur s’est arrêté à 29,7 Mt, soit une croissance de 57 % par rapport à 2021. Cette progression exponentielle découle de la forte activité du terminal méthanier et de la reprise des activités de raffinage de TotalEnergies. À eux seuls, les vracs liquides sont passés de 9,2 Mt, à 19,3 Mt, soit un bond de 109 %!
Ce boom est, comme ailleurs, la conséquence de la crise énergétique mondiale née de la guerre en Ukraine. Il a fallu sécuriser les flux énergétiques en prévision de l’hiver 2022/2023 et solliciter à plein le terminal méthanier Elengy de Montoir-de-Bretagne qui a accueilli un trafic record de 9,9 Mt, en hausse de 85 % par rapport à 2021. Au côté du gaz naturel liquéfié, le pétrole brut a connu une croissance encore plus spectaculaire puisque le trafic est passé du néant à 5,1 Mt. Grâce au redémarrage progressif de la raffinerie TotalEnergies de Donges à l’été 2022, les produits raffinés ont également progressé de 10 % à 4,3 Mt.
Pour les vracs solides, l’effet conjoncturel a également profité à la centrale EDF de Cordemais, fortement sollicitée pour subvenir aux besoins électriques du Grand Ouest. Elle a reçu 1,2 Mt de charbon, soit 50 % de plus qu’en 2021. La conjoncture a également profité aux céréales qui enregistrent une progression de près de 80 % à 1,2 Mt. Au global, les vracs solides sont passés de 5,2 à 6,2 Mt.
Les marchandises diverses ont, en revanche, connu une année plus difficile. Ainsi, les conteneurs se sont inscrits en baisse de 4 % à 1,6 Mt, pour un total de 135 600 EVP (– 7 %), loin du potentiel de 350 000 à 400 000 EVP par an. Le trafic roulier est également en baisse de 11 %, en lien avec les difficultés d’approvisionnement en matières premières de l’usine Stellantis de Vigo en Espagne. Les marchandises diverses (2,2 Mt) reprennent le chemin de la croissance, portés par la reprise aéronautique et la bonne tenue des trafics autres intégrant des composants éoliens.
L’embellie sur les vracs liquides ne dissuade par le port dans son intention de renoncer aux énergies fossiles. Ainsi, 540 M€ seront investis dans de nouvelles installations, notamment pour accompagner le développement de l’éolien offshore, sur la période 2021-2030.