« On a hérité d’une période compliquée en 2022, avec la fin de la crise sanitaire, l’inflation galopante, l’explosion des taux de fret et des matières premières, la guerre en Ukraine, la crise énergétique mondiale », énumère Hervé Martel, le président du directoire du Grand port maritime de Marseille (GPMM). De cette période chahutée, le port phocéen se sort avec une croissance de 3 % par rapport à 2021 pour s’établir à 77 Mt. Soit mieux que 2019, sa référence d’avant-crise.
Cette croissance a été portée par une hausse modeste des marchandises diverses ayant atteint 21 Mt et celle plus affirmée des vracs liquides à 45 Mt (+ 5 %), avec un boom notable des importations de GNL (8,5 Mt) comme dans tous les ports, 20 Mt de marchandises diverses (+ 1 %) et 10 à 12 Mt de vracs solides (– 3 %), pénalisés par l’activité sidérurgique.
Mesure étalon des grands ports, le conteneur, à 1,53 MEVP, dont 230 000 EVP acheminés par train (+ 4 %), obtient, selon la direction portuaire, un « bon score » si on le compare aux « résultats du range Nord où il a baissé partout ». L’année avait bien commencé, mais l’inflation et la baisse de la consommation se sont répercutées sur le transport. « Mais ce taux reste un des plus importants des quinze premiers ports européens », nuance Hervé Martel.
En 2022, la connectivité de Marseille Fos a bénéficié de l’ouverture par MSC en septembre d’un service feeder hebdomadaire sur l’Espagne baptisé Shuttle, du lancement d’un nouveau service de CMA CGM vers l’Algérie et les ports turcs, tandis que la ligne Medwax sur l’Afrique de l’Ouest a été rouverte en fin d’année.
Les vracs liquides (+ 5 %) ont affiché en 2022 à Marseille-Fos la plus forte croissance. Du fait de la guerre en Ukraine, le port phocéen s’est vu attribuer le rôle de fournisseur national en matière de gaz. Une opportunité qui lui a permis de voir ses flux import de GNL bondir de 43 % par rapport à 2021, à 8,5 Mt. Le sourcing s’est aussi modifié l’an dernier, élargi aux gaz américain et norvégien en complément des imports traditionnels d’Algérie et du Qatar.
En revanche, les vracs solides ont encore reculé de 3 %. La conjoncture a impacté les imports de minerai de fer par ArcelorMittal, phénomène amplifié par l’arrêt d’un des deux hauts-fourneaux du sidérurgiste à Fos. En attendant sa réouverture, 2023 sera encore une année à régime réduit.
Avec 3 millions de passagers, Marseille double le nombre atteint en 2021. Sur cet effectif, la moitié a voyagé sur des lignes régulières. Les ferries affectés au Maghreb et à la Corse ont transporté respectivement 800 000 et 700 000 passagers. À noter la forte progression (27 %) des voyageurs sur l’Algérie par rapport à 2019, la dernière année où ils avaient pu se rendre dans leur pays avant d’en être privés par la crise sanitaire.
Avec 1,43 million de voyageurs et 573 escales de paquebots, la croisière se remet lentement. Mais il manque encore 400 000 croisiéristes par rapport à 2019.