Les trafics de Rotterdam, Anvers et Hambourg en 2022 ont confirmé la mise sous tension de la rangée nord-européenne. A fortiori pour le conteneur.
Rotterdam doit se résigner à voir aussi le conteneur, son trafic phare, partir à vau-l’eau avec une baisse de 5,5 % en EVP et de 9,6 % en tonnage. La différence s’explique par l’augmentation des entrées de conteneurs pleins en provenance d’Asie au cours des neuf premiers mois de l’année et la baisse des exportations, si bien que beaucoup plus de conteneurs vides ont été réexpédiés. Rotterdam a également fait les frais des annulations de services. Cependant, la direction attribue surtout la situation à la guerre en Ukraine. Plus de 8 % (en EVP) du trafic de conteneurs de Rotterdam étaient liés à la Russie, soit une part de marché de 40 % dans ce trafic. Ces flux se sont littéralement volatilisés après mars.
Les autres marchandises diverses ont en revanche augmenté de 10,4 %. Sur la façade nord-ouest de l’Europe, la forte hausse des prix de l’énergie a rendu la production industrielle coûteuse, ce qui a entraîné une augmentation des importations d’acier et de métaux non ferreux en provenance notamment d’Asie.
Sans surprise, les vracs liquides ont été dopés de 4 % par une conjoncture plus que favorable pour atteindre 212,8 Mt. Les flux se sont envolés de 63,9 %. Le gaz naturel liquéfié profite à plein de son statut de super substitut au gaz naturel qui entrait en Europe par gazoduc depuis la Russie. Plus faible est la trajectoire du brut (+ 5,9 %). Le segment a bénéficié, une partie de l’année, du transit de pétrole russe. Il a été ensuite porté par le transit de pétrole destiné à la Pologne et à l’Allemagne, et en provenance de destinations lointaines. En conséquence, le nombre des gros transporteurs de brut [VLCC, capacité jusqu’à 2 Mt] escalant à Rotterdam est passé de 27 à 156 entre 2021 et 2022. En revanche, les produits pétroliers (– 10,8 %) ont pâti de la baisse structurelle des importations et des réexportations de fuel en plus des sanctions russes.
Autres flux qui ne sortent pas indemnes d’une conjoncture chahutée, le vrac sec passe le cap des 80 Mt. Le segment reste sous forte influence des aléas climatiques et de la géopolitique. La hausse du prix des énergies a été une des raisons majeures de la baisse de la production dans l’industrie sidérurgique allemande. En conséquence, les importations de minerai de fer ont diminué de 15,5 %. Les entrées de charbon – avantagé par son prix compétitif par rapport au gaz naturel –, a bondi de 17,9 %. Les autres vracs sont en revanche en retrait de 14,2 % en raison des stocks élevés, même si certaines marchandises ont basculé vers les vraquiers en raison des taux de fret élevés du conteneur.