« Le léger repli par rapport à la bonne année 2021 est négligeable, surtout si l’on prend en compte la fermeture de l’export à destination de la Russie. » Jacques Vandermeiren, directeur général de l’ensemble portuaire né de la fusion des ports belges d’Anvers et de Zeebrugge, plante ainsi le décor. Les 286,9 Mt de marchandises manutentionnées en 2022 sur les quais des deux ports belges ne sont en retrait que de 0,7 % par rapport à 2021. Le recul est imputable en grande partie au conteneur, en recul de 5,2 % en unités (13,5 MEVP) et de 8,6 % en tonnage (145,3 Mt). L’activité est ainsi revenue à son niveau de 2019. L’autorité portuaire attribue cette contre-performance aux « perturbations maritimes et à la congestion qui en résulte, avec des pics d’escales et des retards ». La baisse de 59 % du trafic conteneur avec la Russie n’y est pas non plus étrangère. L’année 2022 a vu le démarrage des travaux de rénovation du terminal Europe, sur la rive droite de l’Escaut. Le chantier, prévu pour s’étaler sur neuf ans en trois phases pour un coût de 335 M€, portera la profondeur de la souille à 17,5 m contre 13,5 m actuellement afin d’accueillir des navires de taille supérieure.
Les vracs secs et liquides, qui représentent respectivement 6 et 32 % du tonnage portuaire, ont en revanche progressé l’an dernier. Les vracs liquides (90,6 Mt, + 10 %) ont naturellement été tirés par les importations de GNL (+ 61 %) en remplacement des approvisionnements européens par gazoduc depuis la Russie. Le volume de produits chimiques affiche en revanche un retrait de 1 %, dû à un quatrième trimestre dévastateur, les industriels ayant choisi de réduire leur production en Europe du fait de la hausse du coût de l’énergie sur ce continent. Les vracs secs (17,2 Mt, + 13,8 %) sont tirés par le triplement des importations de charbon. L’Australie et l’Afrique du Sud se sont substitués à l’origine russe. Les engrais, après une forte progression en 2021, voient leur tonnage chuter de 18 %, là encore du fait de la guerre en Ukraine.
Les marchandises diverses non conteneurisées (breakbulk) totalisent 12,4 Mt, soit 1,1 % de plus qu’en 2021, qui avait connu une forte progression. L’interdiction des importations russes a conduit à une baisse des entrées d’acier, en particulier au second semestre. Du côté du trafic roulier, grande spécialité du port côtier belge, l’activité a progressé de 6,5 % pour atteindre 21,5 Mt. Zeebrugge a augmenté ses capacités en 2022 pour les voitures neuves (3,26 millions de voitures, + 8,5 %), trafic porté par BMW et le fabricant chinois BYD. Le port roulier semble aussi continuer à profiter du Brexit avec, pour les remorques non accompagnées, une augmentation de 4,9 % des échanges avec la Grande-Bretagne et de 35 % avec l’Irlande.