Une hiérarchie portuaire bousculée outre-Atlantique

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Les annonces se suivent et se ressemblent. Tour à tour, fabricants, détaillants, grandes marques annoncent une migration de leurs flux vers la côte Est pour éviter la côte ouest-américaine, où la grève menace, après des mois de pagaille sur les quais dus à la congestion.

L’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) pour les dockers et la Pacific Maritime Association (PMA) pour leurs employeurs négocient depuis des mois les termes d’un nouveau contrat qui devait prendre le relais du précédent, échu depuis le 1er juillet. Mais les échanges, qui portent sur les augmentations de salaires et l’automatisation, achoppent toujours. Les négociations concernent 29 ports de la côte ouest, dont les deux principales portes d’entrée du pays, Los Angeles et Long Beach, qui traitent ensemble entre 30 et 40 % (selon les sources) des importations conteneurisées. Une rupture des négociations entre l’ILWU et la PMA en 2002 avait paralysé pendant dix jours les 29 ports, nécessitant l’intervention du président Bush.

La hiérarchie des ports américains pourrait en être bouleversée après des années de forte dépendance à l’égard de l’ouest des États-Unis en tant que point d’entrée principal. En 2003, les ports de la côte ouest, de Seattle à San Diego, traitaient environ 70 % des importations conteneurisées en provenance d’Asie.

La part de l’ensemble des marchandises conteneurisées américaines traitées par Los Angeles et Long Beach a chuté à 25 % en volume entre janvier et octobre. La direction du port de Los Angeles estime à 5 % les flux définitivement perdus.

Les déboires de la pandémie ne sont pas seuls en cause selon les analyses accessibles. L’élargissement du canal de Panama en 2016, qui a facilité l’accès de plus gros navires à différentes parties du pays, et les tensions commerciales entre Washington et Pékin ont incité les responsables logistiques à sourcer dans des pays autres que la Chine, des schémas pour lesquels les ports de la côte Est pouvaient avoir plus de sens comme porte d’entrée.

Le cas de la marque Abercrombie & Fitch est éclairant. 90 % de ses marchandises entraient jusqu’alors par les ports de la côte ouest, d’où elles étaient acheminées par la route ou le rail vers un entrepôt dans l’Ohio. De là, les marchandises étaient redistribuées vers deux plateformes de distribution, alimentant 500 magasins dans tout le pays.

Cette organisation a été sacrément chahutée. Bien qu’à environ 800 km de son entrepôt, la société a testé la côte est-américaine. Elle pourrait s’imposer pour une partie des flux, la marque de vêtement étant en train de déplacer sa fabrication vers des pays comme l’Indonésie et le Bangladesh. Le fret empruntera alors la route de Suez.

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