CMA CGM à Los Angeles et à New York

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En une année, le groupe français se sera offert les deux portes d’entrée du continent nord-américain, à l’Est et à l’Ouest. Il a repris en janvier le contrôle à Los Angeles d’un terminal dont il s’était délesté en 2017. Il a signé en décembre un accord avec Global Container Terminals pour reprendre deux des six terminaux de New York/New Jersey.

Il faudra désormais compter avec un Français sur les quais nord-américains des deux côtés du continent. Après avoir racheté l’un des terminaux de Los Angeles, CMA CGM se positionne à New York/New Jersey et consolide sa présence aux États-Unis, où le numéro trois mondial dans le transport maritime de conteneurs sera actionnaire de sept terminaux* une fois la dernière opération validée par les autorités de la concurrence.

L’entreprise a conclu début septembre un accord avec Global Container Terminals (GCT) portant sur la cession des deux terminaux qu’il exploite dans le port de la côte Est: Staten Island (État de New York) et Bayonne (État du New Jersey). Elle a emporté la mise face à Ports America (qui exploite déjà le PNCT voisin), Carrix (Blackstone Infrastructure), Til/MSC et Hapag-Lloyd. Jusqu’alors, le seul transporteur maritime européen présent sur les quais new-yorkais était Maersk, via APM Terminals, qui dispose d’une des plus grandes installations du port et exploitait en outre l’installation de Bayonne avant que l’accord avec GCT achoppe sur un différend commercial.

CMA CGM ambitionne « d’augmenter de 80 % leur capacité globale [actuellement de 2 MEVP selon CMA CGM, NDLR] au cours des années à venir ». Le groupe tient au secret les détails de la transaction, mais les actifs portuaires de GCT avaient été estimés autour de 3 Md$ quand l’exploitant avait fait connaître ses intentions de vente.

Première porte d’entrée temporaire

« Le Port de New York-New Jersey est une zone stratégique qui dessert les chaînes d’approvisionnement du Nord-Est des États-Unis et constitue la principale porte d’entrée de CMA CGM sur la côte Est des États-Unis et le Golfe du Mexique », fait valoir l’armateur français de porte-conteneurs. « Á travers cette opération complémentaire à l’acquisition du terminal FMS de Los Angeles, nous renforçons la qualité de nos services auprès des clients américains (…) avec une offre complète de solutions maritimes, logistiques, aériennes et portuaires. »

Avec Elizabeth-Port voisin, au sud, New York/New Jersey représente jusqu’à 80 % du fret par conteneurs entrant par la côte Est, notamment grâce aux deux grands terminaux maritimes, APM Terminals et Maher Terminals.

Mais Bayonne est identifié comme le plus efficace sur un plan opérationnel (il est placé près de l’entrée du port, ce qui réduit les temps de transit) et avec son tirant d’eau de 15 m, il est dimensionné pour accueillir de grands navires, jusqu’à 18 000 EVP selon CMA CGM. Le terminal New York bénéficie, quant à lui, d’une « connexion au dense hinterland new-yorkais avec un accès direct au transport routier et intermodal ».

Le plan de développement prévoit de doubler la capacité du premier d’ici 2030 de sorte qu’il puisse traiter des porte-conteneurs de 22 000 EVP tandis que celle du second sera accrue de 65 % d’ici à 2027.

Effet d’aubaine, le port jumeau de la côte Est a nettement profité (+ 35 % par rapport à septembre 2019) de l’engorgement épique de la côte ouest-américaine si bien qu’il a récemment (temporairement?) dépassé Los Angeles en tant que première porte d’entrée du continent pour les marchandises conteneurisées. Un juste retour des choses. N’était-ce pas de là que l’Ideal X, un pétrolier converti, avait quitté en 1956 Newark avec 58 boîtes à destination de Houston? La suite est connue: elle fut déterminante pour l’avènement de la conteneurisation…

Retour à Los Angeles

Alors qu’elle s’en était désinvestie par nécessité en 2019, CMA CGM a par ailleurs racheté au fonds d’investissement EQT Infrastructure la totalité des parts de la société exploitant le Fenix Marine Services, l’un des plus grands terminaux en eaux profondes de Los Angeles (2,3 MEVP sur un total de 9,2 MEVP), dont la concession expire en 2043. Plus exactement, la Française remet la main sur une infrastructure qu’elle a autrefois détenue, héritant de cet actif avec le groupe singapourien Nol/APL, avant de la céder à EQT.

Selon Alphaliner, la transaction avait été effectuée à l’époque sur une valeur d’entreprise de 875 M$. CMA CGM a donc déboursé 2,7 fois plus que le prix auquel il l’a vendu il y a cinq ans.

L’infrastructure, rattachée à CMA Terminals, dispose d’un linéaire de quai de 1,2 km bordé de quatre postes d’amarrage, dans lequel ont été investis 100 M$ depuis 2017 notamment pour augmenter sa capacité de 40 %.

L’entreprise française est historiquement implantée sur le continent nord-américain depuis la fin des années 80. Elle a établi son siège en 2005 à Norfolk, en Virginie, et emploie 15 000 personnes de l’autre côté de l’Atlantique.

Elle a surtout amélioré ses positions sur le transpacifique avec l’acquisition de la compagnie américaine APL, qui faisait partie de la corbeille de la mariée lorsque CMA CGM a pris le contrôle en 2016 du groupe singapourien Nol.

Grâce à son ancrage sur le marché américain, CMA CGM a été parmi les transporteurs du Top 10 qui ont profité le plus de la vigueur des routes transpacifiques durant la pandémie.

Via ses filiales – Terminal Link et CMA Terminals, coentreprise entre Terminal et China Merchants Port (51/49 %) –, le groupe est actionnaire dans 52 terminaux portuaires implantés dans 28 pays.

*AFMS (100 %) et PMS (10 %) dans la région de Los Angeles, Dutch Harbor (100 %) en Alaska, Bayport (26 %) à Houston et SFCT (26 %) à Miami.

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