Éolien en mer, une indispensable programmation

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Pour atteindre l’objectif de 50 parcs offshore et une capacité de 40 GW à l’horizon 2050, le rythme des attributions va devoir s’accélérer en France. D’ici 2035, la filière doit investir plus de 40 Md€ dans les différents projets. Quant aux ports, ils prévoient encore des aménagements pour faire face à ce nouvel eldorado, avec de plus en plus d’éoliennes flottantes en ligne de mire.

L’Observatoire national de l’éolien en mer a été annoncé en août dernier, lancé à l’automne et doté de 50 M€ sur trois ans. En réponse à une demande de la filière, il sera missionné pour coordonner les études, notamment environnementales, qui permettront de programmer le déploiement des parcs éoliens au large de côtes françaises. Lors du lancement de deux projets d’éolien flottant en Méditerranée le 14 mars dernier, le Premier ministre a dévoilé le Pacte pour l’éolien en mer, signé entre le Gouvernement et les représentants de la filière, le Syndicat des énergies renouvelables, France énergie éoliennes et le Comité stratégique de filière. Il s’agit d’orchestrer les projets de façon à atteindre les 40 GW de puissance installée à l’horizon 2050, objectif estimé pour atteindre la neutralité carbone de la France.

20 000 emplois prévus

D’ici 2050, une cinquantaine de parcs sont à construire. Les engagements du Pacte portent cependant sur des échéances plus courtes. D’ici 2035, la filière doit investir plus de 40 Md€ dans les différents projets et faire passer le nombre d’emplois directs et indirects à 20 000, contre 5 000 aujourd’hui. Quant à l’État, il s’est engagé à attribuer de nouveaux parcs à raison de 2 GW par an, avec 20 GW répartis en 2030 et 18 GW en service en 2035.

« Les sept premiers parcs qui seront installés d’ici 2030 représentent environ 3,5 GW », rappelle Étienne Pourcher, consultant du cabinet C2Stratégies qui coordonne l’Observatoire des énergies marines du cluster maritime français. Entre 2030 et 2050, il faudra encore accélérer. C’est ce que devrait prévoir la programmation pluriannuelle de l’énergie pour 2024-2028, discutée cette année. Les industriels de l’éolien comme les ports maritimes ont besoin d’anticiper.

GE et Siemens installés

Plusieurs ports ont déjà investi dans des infrastructures qui seront utilisées pour ces projets offshore. Côté production industrielle, General Electric est installé à Saint-Nazaire pour la fabrication de nacelles et à Cherbourg pour celle de pales, et Siemens-Gamesa occupe au Havre un site qui combine les deux activités.

Certains ports ont par ailleurs renforcé leurs quais pour la manutention des nacelles, des mâts et des pales et ont aménagé des plateformes pour le pré-assemblage des éoliennes. C’est le cas notamment à Brest et à Saint-Nazaire sur la façade atlantique, ainsi qu’à Port-la-Nouvelle en Méditerranée.

Les premiers parcs en Manche et sur la côte Atlantique seront posés sur des fonds peu profonds. Le stockage des nacelles, des mâts et des pales doit se faire à proximité, mais l’assemblage des différents éléments se fait en mer, sur la fondation de l’éolienne.

De plus en plus loin

Les premiers parcs attribués l’ont été sur les sites les plus accessibles, proches des côtes. Mais les suivants seront plus éloignés. D’autant que l’opposition des riverains peut repousser encore plus loin les champs suivants. À l’avenir, les éoliennes offshore devraient être moins souvent posées et plus largement flottantes. « Or pour les industriels comme pour les ports, l’éolien flottant c’est l’inconnu », souligne Étienne Pourcher, « en particulier en ce qui concerne la place nécessaire pour les flotteurs. »

Ce mode éolien occupera des espaces portuaires plus longtemps que les champs fixes. Ces derniers n’ont recours aux quais et aux terre-pleins que pour le stockage des éléments. Pour l’éolien flottant, l’assemblage se fera en zone portuaire avant remorquage jusqu’au champ offshore.

« Brest et Port-la-Nouvelle ont fait des investissements importants en vue de l’éolien flottant, rappelle Étienne Pourcher. Avec le déploiement à échelle industrielle, ils vont avoir l’occasion de tester la mise en œuvre. D’autres ports vont devoir y consentir. » Nantes-Saint-Nazaire dispose d’espaces importants et a engagé une réflexion sur ce sujet. À Marseille-Fos, qui dispose aussi des surfaces idoines, ce n’est pas encore une priorité mais selon lui, cela le deviendra avec le développement en Méditerranée. « Cherbourg a surtout été sollicité jusqu’à présent pour la version posée, mais pourra aussi faire des offres de services pour son équivalent flottant. La Rochelle aussi a déjà été mobilisé et pourra l’être à nouveau à l’avenir. Il est important que les investissements soient bien coordonnés, par l’État ou par l’UPF, afin qu’il n’y ait ni doublon ni oubli dans les aménagements », prévient-il.

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