« Notre stratégie de diversification résulte des fluctuations quantitatives et qualitatives de plus en plus fréquentes des récoltes. Pour y faire face, nous investissons régulièrement dans le développement de nouvelles solutions logistiques », explique Thomas Graffin, directeur des activités agro-industrielles de Sénalia.
Le groupe, qui emploie près de 170 personnes dans ses activités liées au port de Rouen, y a implanté son nouveau siège social. Il est aussi le premier chargeur de céréales du port, avec plus de 4 Mt pour la campagne 2021/2022, achevée le 30 juin. La saison a été particulièrement difficile du fait de mauvaises moissons en 2021 qui se sont traduites par des tonnages en baisse. Mais le logisticien a pu limiter les dégâts en termes de volume global grâce à l’apport de 2,9 Mt d’autres flux agro-alimentaires.
Fèves de cacao pour la Normandie
L’un des piliers de cette diversification est la logistique des 148 000 t de fèves de cacao importées pour les besoins de la puissante industrie chocolatière normande. Traitées en flux séparés et par des équipes dédiées, les prestations englobent les formalités douanières, la réception, la manutention, la gestion physique (ventilation, ratissage, rechargement..).
Sénalia approvisionne deux géants de la spécialité, le belgo-suisse Barry Callebaut à Louviers et l’américain Cargill à Grand-Quevilly, qui disposent l’un et l’autre d’une usine intégrée où sont élaborés les diverses recettes utilisés pour leurs propres marques et pour leurs clients confiseurs.
Cette logistique chocolatière commence avec la réception des fèves en provenance des deux premiers pays producteurs: barges de conteneurs maritimes de 20 pieds (16,7 t) chargés en Côte d’Ivoire et vraquiers de 6 à 8 000 tpl venant du Ghana. Le trafic a représenté 148 000 t durant l’exercice 2020-2021, en hausse de 13 %.
« Les fèves sont stockées dans les hangars 126 et 132 du terminal de la presqu’île Elie. En amont, les livraisons s’étalent sur 4 à 5 mois. En aval, l’approvisionnement des usines est organisé en flux continu avec des livraisons quotidiennes par camions durant toute l’année », précise Thomas Graffin.
Rouen n’est cependant pas le seul port d’approvisionnement pour les usines normandes. « 30 % des fèves que nous utilisons transitent encore par les ports du Nord », indiquait Didier Parard, le directeur du site Cargill Cacao Chocolat récemment invité du Propeller Club de Rouen.
L’entreprise transforme quelque 40 000 t de fèves par an. Le dirigeant regrettait aussi que Rouen ne soit pas équipé pour le traitement des conteneurs chargés de sacs de 50 kg. « Mais des discussions sont en cours à ce sujet. »