Les ports tentent de monter dans le train de la transition énergétique

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Prise de conscience environnementale oblige, les chargeurs cherchent à décarboner leur process de production, de transport et de distribution. Avec une tendance lourde vers l’intermodalité des nouveaux projets portuaires et les entrepôts producteurs d’électricité. Aux abords des villes, densification des opérations logistiques et électrification des véhicules de livraison sont de mise.

Le foncier devenant rare, les nouveaux projets logistiques poussent de plus en plus sur des friches industrielles. Sous peu, les anciens entrepôts datant des années 1950 en bord de Seine seront démolis pour laisser place au projet Green Dock financé par Goodman à hauteur de 150 M€. La logistique de ce programme sera directement inspirée des pratiques singapouriennes et hongkongaises avec un coefficient de densification de 143 %. À la livraison du site en 2026, les poids lourds de 44 t partiront à l’assaut des rampes d’accès spéciales pour accéder aux 80 000 m2 étendus sur quatre niveaux, chaque étage étant divisé en quatre cellules de 5 000 à 6 000 m2 de superficie chacune. Le sous-sol sera dédié au parking poids lourds.

Ce projet, auquel adhèrent STEF, Schenker et Ceva, est innovant à plus d’un titre, assure Jean Plateau, directeur du port de Gennevilliers: « Greendock symbolise l’entrepôt du futur. Ce projet revêt une ambition environnementale forte avec zéro émission de CO2 en exploitation, ceci en utilisant les énergies vertes, la géothermie, voire du chauffage à partir de la biomasse ». Une ferme urbaine sera en outre positionnée en toiture de l’entrepôt en bord de Seine. « Le site fonctionnera en lien avec le terminal à conteneurs de Gennevilliers pour les flux amont. La livraison dans Paris se fera soit directement avec des véhicules utilitaires électriques qui partiront de l’entrepôt ou embarqueront avec la marchandise sur des barges », ajoute-t-il.

Entrepôts et flux maritimes

CFT devrait également tirer parti des enjeux de la logistique urbaine francilienne et de la livraison du dernier kilomètre avec sa nouvelle barge à hydrogène Zulu 6. La logistique fluviale des magasins Franprix, qui pouvait passer pour farfelue en 2012, n’était en fait que l’amorce d’un phénomène qui prend de l’ampleur avec les réglementations sur les zones à faibles émissions. « Nous avons identifié 19 villes de plus de 50 000 habitants traversées par un fleuve en France, en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne », annonce Thomas Castan, fondateur d’Urban Logistic Solutions qui livre en farine les boulangeries strasbourgeoises en empruntant le fleuve.

« Quel système inventer pour remplacer les 10 000 camions de livraison qui entrent dans Paris chaque jour? Le changement de la logistique et du système de transport sera un de nos enjeux dans les quinze ans à venir. Et comment utiliser la voie d’eau au bénéfice de ses habitants? Je suis en concurrence avec Anvers pour connecter les grands entrepôts de stockage au sud-est de Paris, je suis à iso-coût et iso-temps », plaide Stéphane Raison, directeur général et président du directoire du grand port fluvio-maritime de l’axe Seine Haropa Port.

Aujourd’hui, la sanctuarisation de certains espaces portuaires pour préserver la biodiversité conduit à la raréfaction du foncier. « Sur le port, les entrepôts (Distrimag, Katoen Natie, Tempo One, Ikea…) sont directement liés aux flux maritimes. Avec le développement du commerce en ligne, le groupe turc Getir a pris un bail de 12 815 m2 sur Distriport pour alimenter les supérettes des centres villes. C’est une tendance de fond, nous assistons à des opérations de concentration dans le commerce en ligne et dans la logistique urbaine », explique Gayané Shahinyan, responsable du développement de la logistique chez Provence Promotion. Proposer des entrepôts près des terminaux maritimes, des hubs ferroviaires et des voies fluviales devient une gageure et les grands projets logistiques poussent en grande périphérie des ports désormais.

Zéro artificialisation nette

À Rousset, distant de 50 km du Grand Port maritime de Marseille Fos par lequel transitent 1 000 conteneurs par an en provenance de Chine, Lidl achève la construction d’une plate-forme logistique de 30 000 m2. Juste en face, Poolstar, fabricant de matériels pour la détente, la piscine et le jardin, vient tout juste d’achever l’extension de son entrepôt logistique de 7 000 m2 qui complète un bâtiment de 18 000 m2 tout aussi flambant neuf. Pour garantir l’approvisionnement des clients, Poolstar fait des stocks et envisage même de relocaliser une partie de sa production de Chine en Provence.

Au nord de l’étang de Berre, Gemfi s’apprête à construire un entrepôt logistique sur l’ancienne usine Cabot France et sur l’ancienne unité de LyondellBasell. Sur la ZAC des Éguilles à Ensuès-la-Redonne (62 ha), les poteaux de la future plateforme logistique de Barjane sont soigneusement alignés. Les clients? Action et Décathlon en fin d’année. Dans une logique de zéro artificialisation nette, les entrepôts sont bâtis sur des terres qui ont une histoire. Sur les 70 000 m3 de déchets à évacuer, 5 000 m3 de déchets amiantés et 5 000 m3 de pollutions concentrées aux hydrocarbures, mercure et PCB. Mais le terrain est stratégique, à mi-chemin entre Marseille centre et le port de Fos et avec une extension possible de 40 000 m2. Certes, la toiture sera recouverte de panneaux photovoltaïques, mais qui ne compenseront certainement pas les rotations quotidiennes de camions.

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