Logistique et Zones à faible émission ne font pas bon ménage. Comment France Logistique accompagne ces enjeux d’alimentation des centres-villes?
Constance Maréchal Dereu: Tout d’abord, il faut rappeler l’importance et la diversité des transports de marchandises et de la logistique pour les centres-villes, que ce soit pour approvisionner les magasins, les hôpitaux ou les cantines, pour apporter les matériaux des chantiers ou pour évacuer les terres extraites des travaux de réalisation de métros… À ce titre, France Logistique se félicite que les 14 propositions du rapport d’information de Martine Filleul et Christine Herzog, sur la logistique urbaine durable visent à « passer d’une logistique appréhendée exclusivement comme une contrainte à approche en opportunité. »
Pour améliorer encore les performances de la logistique en ville, nous proposons d’accentuer le portage politique local, en intégrant la mobilité des marchandises tant dans les plans de déplacement (pour la partie flux) que dans les plans d’urbanisme (pour la partie stock). Ces règles doivent mieux favoriser l’optimisation des tournées notamment via l’harmonisation des arrêtés de circulation, le rapprochement des implantations des centres-villes ou encore la disponibilité des places de livraison.
Il faudrait aussi prolonger et amplifier le programme InterLUD, afin d’accompagner financièrement les collectivités, en lien avec les acteurs privés, dans la mise en place de ces outils. Il est nécessaire de conditionner l’interdiction des véhicules de transport de marchandises Euro 6, au déploiement effectif et en nombre suffisant des solutions alternatives – véhicules, énergies, avitaillement –, dans les ZFE.
Quelles opportunités représente la réindustrialisation de la France en termes logistiques?
C.M-D: Chaînes logistiques et industrie sont liés à plusieurs titres. La logistique est de plus industrialisée et donc de plus en plus cliente de l’industrie: les investissements en matériels (automatisation, production d’énergie, véhicules propres) ou en outils numériques sont croissants. Ce n’est pas un hasard si la première licorne industrielle française, Exotec, fabrique des robots logistiques.
Les entreprises de la filière réalisent de plus en plus de tâches historiquement dévolues aux industriels: approvisionnement, emballage, distribution, réassort des usines. Certains salariés sont présents dans les usines pour assurer que le bon produit soit au bon endroit de la chaîne.
La logistique intervient en support du développement des industriels que ce soit pour les approvisionnements ou la distribution de produits, en France ou à l’international. L’implantation d’une nouvelle usine en France suppose plus de flux et de stocks sur notre territoire, car il faut ajouter la logistique des matières premières à celles des produits finis. La réindustrialisation suppose donc une augmentation des besoins en logistique.
Par ailleurs, la réindustrialisation ne se fera que si le territoire français est globalement compétitif et cela passe par la compétitivité de l’ensemble de la supply chain. Les pays étrangers qui ont une industrie forte l’ont bâtie sur des chaines puissantes en support. Ainsi, les exportations industrielles de la Chine s’appuient sur les routes de la Soie, maritimes et ferroviaires. La puissance industrielle de l’Allemagne est largement fondée sur l’importation de composants et l’exportation de produits finis, via des chaînes très performantes de déplacements des marchandises.
