Les trois emblématiques tours Gabarre ont abrité plusieurs générations de guadeloupéens. Érigées dans les années 1970 à l’entrée du port de Pointe-à-Pitre, elles ont été détruites en 2021 dans le cadre d’une opération de réaménagement urbain. Pour mener à bien ce chantier de destruction d’un montant de 34,6 M€, Avenir Déconstruction a mobilisé depuis la Grande-Bretagne une Liebherr 9150/9200 d’un poids total de 315 t pouvant atteindre 76 m de haut pour une portée de 28 m. Pour le voyage retour, le commissionnaire de transports Safir &Melon, une filiale de Léon Vincent, a préféré la technique plus sécurisée du chargement ro-ro au lo-lo employé à l’aller sur un navire du norvégien Höegh. Pour mener à bien cette opération, il aura fallu près d’un an entre les premières études techniques et la concrétisation du voyage au départ de Pointe-à-Pitre le 14 février dernier. Une traversée effectuée sur le navire multipurpose Marfret Niolon employé sur le service MPV.
Navire spécialement aménagé
« Nous avons lancé ce service polyvalent vers la Guyane et les Antilles avec la possibilité de conduire des opérations particulières pour notre clientèle habituelle conteneurisée. Nous faisons rouler les colis lourds sur des mafis spécifiques. Les navires et les quais doivent être en capacité de supporter des charges qui se calculent en tonnes au mètre carré », explique Laurence Gloaguen, chef de la ligne MPV. Dédié au transport de matériel roulant, le service relie Le Havre, Anvers, Dégrad-des-Cannes et Pointe-à-Pitre en 42 jours. « Quatre plaques d’acier ont été spécialement conçues et soudées dans le garage du navire pour assurer une répartition homogène de la masse du corps de grue de 89,5 t au contact des quatre vérins. Mis à bord avec une remorque douze essieux, le corps de grue a alors été positionné sur une mafi d’une capacité de 100 t en soutien des quatre vérins, afin de sécuriser l’ensemble », détaille Martial Bienvenu directeur de l’agence Marfret au Havre.
Equilibre économique
Les dockers de Soguama, filiale de manutention de Marfret, ont procédé au chargement de l’engin démonté: contrepoids (39 t), pied de flèche (31 t), bras (52 t), moufle, balancier et autres cisailles ont été empotés sur flat et mafi de 40 et 62 pieds. Au terme de quinze jours de navigation, le Marfret Niolon a jeté l’ancre le 1er mars dans le port de La Rochelle. Le convoi a ensuite rejoint Rennes, sa destination finale, par la route. « La réussite d’un projet industriel tient à la cohésion des équipes et à la préparation en amont. C’est un jeu collectif avec toutes les parties prenantes », complète Laurence Gloaguen.
Considéré comme un complément de la ligne, le colis lourd permet de démontrer le savoir-faire des équipes tout en contribuant à l’équilibre économique du service avec des taux de fret plus élevés compte tenu de la technicité des opérations, fait valoir Marfret. « Nous avons investi dans l’achat de moyens de manutention spécifiques pour être en mesure de renouveler ce genre d’opérations », ajoute la chef de ligne.