Les exportations mises à mal

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Une guerre tombe rarement bien. Pour l’Ukraine, elle est survenue au pire moment.

Le pays de la mer Noire a gagné en influence sur le marché mondial agricole au cours de la dernière décennie. Il visait cette année la troisième place pour le blé et la quatrième pour le maïs.

Les enjeux sont colossaux. Une grande partie des exportations de céréales de l’Ukraine – plus de 40 % du maïs et de blé –, est destinée aux marchés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, où les sécheresses historiques ont exacerbé les besoins. Le spectre d’une pénurie a provoqué une envolée des prix alimentaires sur leur marché intérieur. La mer Noire est la deuxième zone exportatrice mondiale de céréales avec 111,2 Mt de marchandises. La Russie et l’Ukraine représentent 30 % des exportations mondiales de blé et l’Ukraine 16 % de celles de maïs.

En 2022, l’Ukraine devait exporter plus des trois quarts de sa récolte nationale de maïs et de blé grâce à une exceptionnelle récolte. Les oléagineux représentent la moitié des approvisionnements mondiaux pour l’huile de tournesol tandis que le pays de la mer Noire est le troisième vendeur mondial de colza.

Le maïs ukrainien est en première ligne. Car fin janvier, l’Ukraine avait déjà exporté 71 % du blé prévu pour la période de commercialisation actuelle mais seulement 32 % de ses objectifs de commercialisation de maïs.

La dynamique a été moins forte en Russie, où il restait encore 14 Mt de blé à vendre sur les marchés étrangers, avant le début des hostilités. En Russie, la récolte n’a pas été au rendez-vous et la commercialisation a pâti d’une taxe à l’exportation, mise en place en juin 2021 à hauteur de 28 $/t et passée à 98 $/t en janvier 2022.

En anticipation de ce conflit qui couvait, les pays importateurs de céréales se sont activés à trouver des sources alternatives. Les principaux pays producteurs de l’Union européenne, à commencer par la Roumanie et la France, ont ainsi répondu à des demandes de livraison immédiate ou des chargements programmés en mars et avril. La demande auprès de la Roumanie est notamment venue de l’Algérie, où les origines de la mer Noire ont gagné des parts de marché depuis les tensions diplomatiques avec la France et l’abaissement des critères de qualité exigés par le pays du Maghreb.

L’on saura à l’issue de la campagne en cours à quelle hauteur le blé français a pu pallier l’approvisionnement ukrainien. Les négociants font valoir que l’épi gaulois a satisfait une partie du marché pour des demandes à court terme mais que le blé argentin l’emporte sur le long terme. Plusieurs navires de maïs français ont été en outre réservés pour répondre à des besoins de proximité, de la péninsule ibérique ou du Benelux.

Début février, avant le début du conflit, la Chine et la Russie avaient signé un accord qui rend exportable vers le pays de Xi Jinping le « blé de toutes les régions productrices de Russie, à condition qu’il réponde à certaines exigences ».

En 2021, le commerce agricole entre la Russie et la Chine avait déjà augmenté de 26,6 % par rapport à 2020 pour atteindre 150 Md$. L’orge russe a été particulièrement sollicitée par la Russie. Les 75 000 t exportées représentent un niveau douze fois supérieur à celui de 2020.

Dès le début du conflit, le thermomètre du vrac sec, le Baltic dry index (BDI), a réagi très brutalement à la baisse, faisant chuter les revenus journaliers des vraquiers tandis que le prix du blé n’en finit plus de s’affoler.

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