Il figure depuis deux ans parmi les ports à conteneurs millionnaires aux plus fortes croissances. Il est passé en l’espace de deux ans du 94e au 54e rang mondial. Khalifa, port en eaux profondes inauguré en 2012, est le phare d’Abu Dhabi. Capable de traiter des porte-conteneurs de 20 000 EVP, le complexe portuaire émirati, attenant à la zone industrielle franche de Kizad, se projette à 9 MEVP d’ici 2025. Les autorités émiraties s’en donnent les moyens: elles ont prévu un investissement de 7 Md$ pour hisser leur infrastructure parmi les 25 premiers ports à conteneurs mondiaux. En signant en septembre 2021 un accord de concession pour exploiter pendant 35 ans un nouveau terminal à Abu Dhabi, CMA CGM a été le dernier des grands armements mondiaux en date à se positionner dans la péninsule arabique, objet d’une intense compétition portuaire.
Pour autant, le port-capitale des Émirats arabes unis (EAU), riche de ses ressources pétrolières, est encore loin de Jebel Ali, logé dans la ville « touristique » et commerçante voisine de Dubaï. C’est ce dernier, 12e port à conteneurs mondial, qui fait figure de véritable hub pour les conteneurs dans le golfe Persique avec son trafic proche de 14 MEVP.
Alors qu’à Dubaï, DP World est passé du statut d’autorité portuaire à un groupe de manutention portuaire à l’échelle internationale, à Abu Dhabi, un autre choix a été fait: l’autorité portuaire Abu Dhabi Ports, qui gérait déjà l’historique Port Zayed, a choisi de confier les nouveaux terminaux de Khalifa en concession, à Cosco et MSC d’abord et donc dernièrement à CMA CGM.
De par son antériorité, Maersk a préempté les emplacements maritimes les plus géostratégiques dans la région, à Salalah sur la rive sud du sultanat d’Oman mais aussi à Sohar au nord du pays avec un nouveau terminal qui doit sortir de terre cette année et offrira du soutage GNL. Depuis 2010, le Qatar aménage le nouveau Port Hamad à 40 km au sud de Doha. Géré par Qatar Port Management Company, il dispose d’une capacité de 2 MEVP et vise les 7,5 MEVP. Plus excentré, Um Qasar possède deux petits terminaux, l’un exploité par CMA CGM et l’autre par MSC.
Les deux leaders mondiaux du transport maritime de conteneurs Maersk et MSC, partenaires au sein de l’alliance 2M, ont aussi ont fait du port saoudien King Abdullah Port, hub de MSC, un terrain d’expression en l’inscrivant sur le trajet plusieurs de leurs grandes lignes Est-Ouest. Le premier port de la région à être entièrement détenu, développé et exploité par le secteur privé s’est hissé en quatre ans parmi les 100 premiers ports mondiaux. Son tirant d’eau à 18 m lui permet de traiter des 24 000 EVP.
Bien que subissant la sévère concurrence de King Abdullah, situé à une centaine de kilomètres, Djeddah, l’autre port saoudien, continue d’attirer les investissements. DP World a lancé en octobre les travaux qui doivent faire passer la capacité du Djeddah South Container Terminal de 2,4 à 4 MEVP d’ici 2024. Une fois les travaux réalisés, le linéaire de quai sera porté à 2 150 m contre 1 500 m aujourd’hui, avec un tirant d’eau de 18 m. Il sera alors en mesure de traiter des porte-conteneurs de 24 000 EVP.
Cosco Shipping Ports, lui, a pris pied en février en devenant actionnaire, à hauteur de 20 %, du Red Sea Gateway Terminal, autre terminal de Djeddah qui vient d’achever une première phase d’extension. Elle va porter sa capacité à 5,2 MEVP d’ici 2023 et lui permet d’ores et déjà de recevoir des porte-conteneurs de plus de 24 000 EVP.