Faux amis ou vrais jumeaux, le marocain Tanger et l’espagnol Algésiras font de Gibraltar un détroit heureux, ayant dépassé les 10 MEVP. Il le doit surtout à l’ascension vertigineuse de la première porte d’entrée du Maroc pour le conteneur.
L’année 2020, premier exercice plein depuis l’entrée en service de Tanger Med 2, avait réservé un traitement à part au marocain. Avec un trafic conteneurisé de 5,7 MEVP, Tanger Med s’était offert, en pleine année de crise, une progression de 20 % par rapport à 2019. Clairement, il avait profité des arbitrages opérés par les armements dans leur réseau et qui consistaient à s’appuyer sur des ports pivots. En 2021, force est de constater que Tanger Med, qui peut traiter sept mégamax simultanément, a encore élargi son emprise, encaissant une nouvelle croissance de 24 %, à 7,17 MEVP.
Avec la mise en service de Tanger Med 2 – deux nouveaux terminaux à conteneurs dont la capacité s’ajoute à celle des installations historiques de Tanger Med 1 (3 MEVP) –, le Maroc dispose d’un complexe à la puissance de feu de 9 MEVP.
Avantageusement placé sur le chemin du commerce maritime mondial Est-Ouest, il a emporté ces deux dernières années la bataille du transbordement en Méditerranée. Algésiras, le port espagnol, à seulement quelques kilomètres de l’autre côté du détroit de Gibraltar, s’est encore replié de 6 % en 2021 (4,8 MEVP) tandis que le transbordement, son trafic phare avec 85 % des flux, a dévissé de 8 %. Le port andalou ne cache pas une pression concurrentielle accrue de son voisin d’en face.
En Méditerranée, l’on pensait pourtant que le maître du jeu allait être Le Pirée, dopé par les investissements depuis 2016 de son propriétaire, le géant chinois du transport maritime Cosco.
Janvier 2019 est une date que le port grec avait inscrite en lettres capitales dans le cahier de son histoire. Cette année-là, il s’était hissé à la première place du range sud européen, déboulonnant Algésiras, puis Valence.
Dynamar en faisait le 36e port mondial en 2017. Il était au 29e rang mondial en 2021 avec un trafic de 5,3 MEVP, mais en décrochage de 2,2 % en 2020 après avoir déjà perdu 3,7 points de croissance. Victime de la crise sanitaire une année et de la congestion portuaire ensuite.