À la faveur d’un virus planétaire, les exploitants et non-exploitants de porte-conteneurs ont vu la nature de leurs liaisons sensiblement modifiées. Dans une note récente, le spécialiste de la ligne régulière Alphaliner s’est notamment penché sur les contrats d’affrètement de quatre propriétaires de navires, qui se sont significativement allongés. Seul un tiers de la capacité de transport de Costamare et de Seaspan, deux des plus grands propriétaires mondiaux de navires, sera libéré de l’affrètement d’ici 2025. Chez Danaos, 50 % des navires sont concernés par un renouvellement des contrats « seulement » à partir de 2024. Dans l’ensemble, indique Alphaliner, le pic de l’expiration des contrats pour quatre des plus grands NOO – soit une capacité de 2,4 MEVP et une part de marché de 19 % – se situe à horizon 2024.
Les cartes sont en réalité rebattues depuis le début de l’année, les compagnies peinant à répondre aux heureux appels du marché, faute de navires et de conteneurs, et ce d’autant plus que les ports congestionnés ne parviennent pas à restituer rapidement les boîtes. Une course aux tonnages s’est engagée, tant du côté des exploitants que des non-opérateurs de navires, pour profiter de la manne, les uns des taux des fret, les autres des tarifs d’affrètement. « Les tarifs des porte-conteneurs ont plus que quadruplé depuis le début de l’année et dépassent de 128 % le précédent pic de 2005 », relevait Clarksons début septembre alors que les panamax se négociaient à 110 000 $/j.
Pour exemple, les Cosco Ningbo et Cosco Guangzhou, deux navires de 9 469 EVP construits en 2006, ont été affrétés initialement par Costamare au transporteur chinois jusqu’en avril-juillet 2022, à 30 900 $/j. L’un d’entre eux a été renouvelé pour 36 à 39 mois supplémentaires à 72 700 $/j, soit une augmentation de 135 %.
Parallèlement, Seaspan a reconduit pour trois années supplémentaires un contrat signé en septembre 2018 à 15 000 $/j au tarif de 26 000 $/j pour la première année, 22 000 $/j la deuxième et 18 000 $/j la troisième, soit une augmentation globale de 50 %.
« Le marché de l’affrètement est toujours à deux niveaux, avec des emplois de courte durée négociés à des prix stratosphériques, jusqu’à 200 000 $/j pour certains navires, tandis que les affrètements plus conventionnels de 24 et 36 mois reposent sur des taux nettement inférieurs, bien qu’historiquement élevés », résume Alphaliner.
Selon la dernière enquête d’Alphaliner, le 8 novembre, peu de navires sont disponibles. La flotte inactive s’élevait alors à 162 navires, soit 534 451 EVP, représentant 2,2 % de la capacité de la flotte mondiale. Les propriétaires non exploitants n’avaient que 17 navires sans emploi pour 26 262 EVP.
Malgré la pénurie, l’affrètement est resté relativement actif au cours des dernières semaines de l’année, en particulier pour les navires jusqu’à 5 000 EVP, pour lesquels la demande est forte. Mais les navires dont les taux sont fixés à de nouveaux sommets seraient désormais une exception. Un plateau semble atteint, faisait valoir Alphaliner dès septembre.