C’était il y a cinquante ans. Le 9 novembre 1971, le Maori, cargo mis en service en décembre 1958 pour la compagnie des Messageries Maritimes, émettait son dernier signal avant de disparaître dans les eaux du golfe de Gascogne. À son bord, 39 hommes d’équipage, dont un seul rescapé, l’officier mécanicien Jean-Yves Duclaud.
Ce drame, dont les circonstances ne sont pas toujours pas élucidées, a marqué le monde maritime et reste une énigme.
Les premières tôles du Maori avaient été mises sur cale le 10 février 1958 par les chantiers de La Ciotat. Long de 156 m, large de 19,70 m et d’un port en lourd de 9 300 t, il était la tête de série de cinq navires, les « M » (avec les Marquisien, Malais, Mauricien, Martiniquais), rapides avec des vitesses d’environ 19 nœuds. Tous étaient destinés aux lignes d’Extrême-Orient.
Le Maori effectuera au départ de Dunkerque son voyage inaugural à destination de Tahiti et de la Nouvelle Zélande via le canal de Panama et sera exploité en alternance sur les lignes du Pacifique Sud et d’Asie jusqu’à ce que sa carrière soit tragiquement interrompue.
Le 9 octobre 1971, le cargo appareille de Nouméa avec un chargement de 6 845 t de nickel. Après une escale à Papeete pour embarquer un millier de tonnes d’huile de coprah, il reprend sa route vers l’Europe et son port de destination, Le Havre, où il est attendu le 10 novembre.
Au cours de sa traversée, il se heurte d’abord à un vent de force 6, maîtrisable, mais au fur et à mesure de la progression, les conditions météos se détériorent, le vent forcit. Le navire accusant 15° de gîte, un appel est lancé alors qu’il menace de chavirer. Le Bréguet Atlantique dépêché dans les eaux du golfe de Gascogne par la préfecture maritime de Brest ne retrouvera qu’une chaloupe renversée et un rescapé, Jean-Yves Duclaux. Aucune trace du Maori qui a dû couler dans l’intervalle de temps.
Dix-sept corps seulement seront repêchés. Au final, ce drame aura fait 38 victimes.
L’enquête diligentée à la suite de cette tragédie a retenu plusieurs hypothèses, celle d’un désarrimage de la cargaison, ou celle d’une voie d’eau ayant entraîné la gîte du navire puis son chavirement. La responsabilité du commandant Le Bel a été évoquée un temps mais n’a pas été retenue. Un non-lieu a finalement été prononcé en 1978, disculpant la compagnie des Messageries Maritimes. Reste le souvenir douloureux du drame.