Le trafic espagnol dopé sur la côte méditerranéenne

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Pour les trois grands ports situés sur la façade méditerranéenne, Algésiras, Valence et Barcelone, le redémarrage de l’économie espagnole explique la bonne tenue des trafics, toutes activités confondues sur les neuf premiers mois de l’année. Le conteneur est en faiblesse à Algésiras mais en forte croissance à Barcelone.

Le leader espagnol, Algésiras, accuse une baisse de régime de 4 % sur les neuf premiers mois de 2021 à 74 Mt. Le port andalou ne fait pas fortune cette année avec son trafic clé, le conteneur, dont le recul (– 6 %, 3,6 MEVP) explique en grande partie sa performance globale médiocre. Le transbordement, le point fort traditionnel du port, est en repli de 8 % (3 MEVP). L’import-export affiche une bonne santé remarquable avec des progressions de 9 % et de 16 % respectivement, en termes de conteneurs pleins. Les vracs secs ont, eux, profité de la bonne conjoncture des matières premières, enregistrant une hausse de 38 % (0,5 Mt) en raison notamment du regain d’activité de l’usine de l’entreprise sidérurgique espagnole Acerinox (ferrailles à l’import, bobines à l’export).

Le trafic roulier, en lien avec le transport de camions entre l’Espagne et le Maroc, continue sur la lancée des mois antérieurs. Il atteint le chiffre record de 317 000 véhicules (+ 19 %). L’Autorité portuaire s’attend à un nouveau record en 2021 avec 422 000 véhicules.

À Valence, + 9 %

À Valence, numéro 2 portuaire espagnol, la situation est radicalement différente avec une progression globale du trafic de 9 % (63 Mt). Les trafics de conteneurs, qui représentent les trois-quarts du tonnage global du port, sont en croissance de 7 %, à 4 MEVP. Le segment est porté par la très forte dynamique de l’import-export avec des hausses de 20 et 19 % respectivement en conteneurs pleins alors que le transbordement recule aussi de 2 %. Là aussi, les vracs et le ro-ro sont extrêmement porteurs. Les vracs liquides sont en hausse de 15 % (2 Mt) et les cargaisons sèches de 20 % (2 Mt). La reprise concerne également le trafic roulier, qui bondit de 16 %, à 8,6 Mt. Ces trafics, particulièrement impactés par l’épidémie, sont à restituer dans le contexte d’une année extrêmement faibles.

Le port de Barcelone se distingue avec une forte hausse du trafic global: + 18 %, à 49 Mt. Les principaux trafics sont en territoire positif – conteneurs (+ 31 %, 2,7 MEVP), vracs secs (+ 14 %, 3,4 Mt) et véhicules neufs (+ 17 %, 375 000 véhicules) –, à l’exception des vracs liquides en recul de 7 %. Mais le phénomène le plus encourageant est la bonne tenue du transport maritime de courte distance et surtout des autoroutes de la mer (+ 20 %, 4 Mt).

Intérêt pour les autoroutes ferroviaires

Point faible traditionnel du secteur portuaire espagnol, le pré et post acheminement ferroviaire est désormais en forte croissance dans les principaux ports espagnols. À Barcelone, les flux sont en forte hausse pour les conteneurs (+ 27 %) sur les neuf premiers mois de l’année avec 240 000 EVP et les véhicules légers (+ 28 %, 147 000 véhicules). Les 22 000 EVP enregistrés àAlgésiras, depuis le début de l’année peuvent sembler faibles vu d’Europe du nord, ils n’en représentent pas moins un record historique.

Les ports espagnols veulent désormais aller au-delà du simple transport de conteneurs, d’automobiles ou de vracs. Ils s’impliquent directement dans le transport de semi-remorques dans le cadre des autoroutes ferroviaires. En septembre 2021, un protocole a été signé entre le port de Valence, l’entreprise publique en charge du réseau ferroviaire espagnol ADIF et l’entreprise privée Tramesa afin d’en lancer une entre Valence et Madrid. En octobre, Algésiras, ADIF, la Plateforme logistique d’Aragon et la société privée Rail&Truck Strait Union ont annoncé le lancement d’un projet similaire, entre le port andalou et Saragosse, via Madrid, en 2024.

Les responsables du port andalou de Huelva ont rencontré, en novembre dernier, les responsables de Renfe Mercancias, la filiale de fret de l’opérateur ferroviaire historique Renfe, pour évoquer la création d’une liaison Huelva-Madrid-Saragosse.

À Barcelone, l’Autorité portuaire envisage de créer un terminal dédié aux autoroutes ferroviaires. Celle mise en place par le français VIIA depuis le port de Barcelone vers la France, interrompue en 2020, devrait être réactivée en 2022 avec des locomotives plus puissantes.

Dans le contexte du retour en force du rail en Europe, le gouvernement espagnol appuie ces projets et les achats de matériel roulant devraient bénéficier de financements dans le cadre du programme Next Generation EU. Reste à savoir si les projets annoncés verront le jour.

Daniel Solano

Lente reprise de l’activité à Bilbao

Le port de Bilbao a été durement touché par la pandémie et la crise économique mais aussi par une dure grève des ouvriers de la manutention qui a paralysé l’activité pendant deux mois durant le dernier trimestre de 2020. Tant et si bien que le niveau de tra c antérieur à la crise ne serait retrouvé qu’en 2023, une partie des trafics perdus par le conflit social n’étant toujours pas récupérés à ce jour.

Le trafic portuaire a reculé de 17 % en 2020 (30 Mt), soit deux fois plus que la moyenne nationale (- 8 %). La manutention de conteneurs a dévissé de 23 % (0,5 MEVP), impactée par la grève. Face à l’attitude très ferme des entreprises de la manutention, les ouvriers ont dû battre en retraite sans que leurs revendications aient été satisfaites. Les négociations pour arriver à un accord se poursuivent depuis janvier 2021 sans fumée blanche à l’horizon. La reprise est perceptible en 2021 mais elle est lente : les statistiques des neuf premiers mois de l’année sont au repli (- 3 % avec 23 Mt).

Observant une montée en puissance de l’activité, l’établissement portuaire table sur une croissance de 5 à 6 % sur l’ensemble de l’année. Les vracs liquides, qui représentent plus de la moitié des tonnages, sont en baisse de 10 %, à 13 Mt. Les marchandises diverses (- 3 %) accusent encore le coup de la crise et le conteneur, qui ne concerne que l’import-export, peine à redémarrer (- 2 %, 0,4 MEVP). L

Le chiffre le plus encourageant est celui duroulier. Toutes les parties prenantes se sont fortement mobilisées pour faciliter la continuité avec le Royaume-Uni suite au Brexit. Le ro-ro a été également stimulé par le renforcement des lignes avec l’Irlande et le Royaume-Uni par les armateurs ainsi que par la reprise de la ligne Bilbao-Portsmouth de Brittany Ferries en juillet 2021, avec une progression de 11 % (0,6 Mt). Le port basque offre actuellement 11 services réguliers par semaine vers le Royaume-Uni.

D.S.

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