Le Pirée, maître du jeu au sud

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Janvier 2019 est une date que Le Pirée a inscrit en lettres capitales dans le cahier de son histoire. Cette année-là, En deux ans, Le Pirée s’est hissé à la première place du range sud européen. Sous l’impulsion du chinois Cosco, il a d’abord déboulonné Algésiras, puis Valence, pour devenir le premier port de Méditerranée et le quatrième européen.

Ces dernières années, le port acquis par Cosco Shipping Ports en 2016 n’a cessé de gagner en influence. Dynamar en faisait le 36e port mondial en 2017. Il était au 27e rang mondial en 2019 et le 29e en 2020, après un recul lié à l’épidémie. Plus que le classement, c’est la croissance qui étonne: 3,3 MEVP en 2015, 3,67 MEVP en 2016, 4,1 MEVP en 2017, 4,9 MEVP en 2018, 5,64 MEVP en 2019, 5,43 MEVP en 2020.

Les performances du leader portuaire grec devant Thessalonique coïncident avec la mainmise du groupe chinois, actionnaire à hauteur de 51 % dans le capital de la société portuaire (Piraeus Port Authority, PPA) qui gère les trois terminaux à conteneur dont elle a concession jusqu’en 2052. Dans cette zone de la Méditerranée orientale proche du canal de Suez et de son intense trafic, Le Pirée représente une des escales clefs du projet pharaonique des « nouvelles routes de la soie » porté par le président chinois Xi Jinping, en permettant de gagner de 8 à 12 jours sur un trajet d’un mois (plus de 14 000 km) pour exporter les marchandises en Europe.

Dernièrement, la filiale portuaire de Cosco a porté sa participation à 67 % conformément à ce qui avait été initialement convenu avec l’État grec. Cette nouvelle opération ne s’est pas faite sans tensions et le groupe chinois y a enregistré ses premiers revers. Le gouvernement grec, qui dispose d’un droit de veto sur les décisions stratégiques mais n’est représenté que par un seul membre au conseil d’administration du PPA qui en compte 11, estime que le géant asiatique du transport maritime n’a pas respecté à la lettre le contrat. Après avoir signé un premier chèque de 368 M€, Cosco devait consentir 293 M€ d’investissements sur cinq ans aux termes desquels il se verrait octroyer 16 % de plus. D’après un document publié en début d’année par le ministère grec de la Marine, les investissements du chinois n’auraient représenté que 58 % de la somme initialement prévue.

611,8 M€ d’investissement

Par ses détracteurs, Cosco est également accusé de ne pas avoir respecté les procédures administratives concernant des aménagements dans la zone dédiée aux conteneurs où étaient planifiés une plateforme logistique et un quatrième terminal. Une extension controversée du terminal croisière (dans ce secteur, Le Pirée figure aussi parmi les dix premiers méditerranéens), porteur d’un investissement de 103 M€, a également mis à jour quelques légèretés. Le Comité grec de planification et développement des ports a fini par approuver le plan d’investissement proposé par le gestionnaire totalisant un investissement 611,8 M€, à l’exception toutefois du quatrième terminal à conteneur vivement souhaité par l’actionnaire mais retoqué.

Cette nouvelle infrastructure devait faire passer la capacité totale de 7 à 10 MEVP. Pour expliciter sa décision, le Comité a affirmé que « les conditions à ce stade n’étaient pas réunies pour penser à la mise en œuvre » d’une autre installation de conteneurs. Le groupe chinois préfère mettre en avant son bilan comptable. Dernière année complète significative, si on considère 2020 comme une année blanche, le chiffre d’affaires s’est établi en 2019 à 149,2 M€ (+ 12,3 % par rapport à l’année précédente), le résultat d’exploitation avant impôt à 47,6 M€ (+ 12,5 %) et le résultat net à 35,4 M€ (+ 27 %). Quant au dividende par action, il avait aussi bondi de 27 %. Les droits versés par Cosco à la Grèce sont par ailleurs passés de 4,8 à 5,4 M€ entre 2018 et 2019.

Sur le premier semestre 2021, la société portuaire a déclaré un chiffre d’affaires en hausse de 8,3 %, atteignant 72 M€. La croissance des revenus a été tirée par ses activités dans la croisière (+ 175,1 % par rapport à 2020, année zéro pour le secteur), la manutention des voitures (+ 34,9 %) et le cabotage (+ 9,7 %), fait-elle valoir. Le bénéfice avant impôts s’est établi à 20,84 M€ (20,85 M€ en 2020) et le résultat net semestriel à 15,1 M€ (15,5 M€ pour le même semestre en 2020).

Le Pirée n’a pas été épargné par la congestion, ayant connu son pic entre avril et octobre. Début novembre, une vingtaine de navires étaient encore en attente, alors qu’une file de navires à destination du port s’étendait dans la mer Égée.

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