Premier port italien par le tonnage, Trieste, contrairement à la plupart des ports italiens, n’a pas vu son activité reprendre normalement son cours au premier semestre 2021: le port du nord de l’Adriatique est toujours en baisse de 2 %, totalisant 26,3 Mt. Les manutentions de vracs liquides (16,9 Mt) comme de vracs solides (237 000 t) sont en baisse, respectivement de 7 % et 22 %. Les importations de pétrole brut (16,5 Mt, -7 %), de produits raffinés (335 000 t, -19 %), de ferrailles (119 000 t, -22 %) et de céréales (70 000 t, -29 %), qui constituent d’ordinaire les valeurs sures de la place, accusent d’importants reflux. Seuls les imports de produits chimiques (40 000 t) et de ciment (33 000 t) échappent au repli.
La situation est toutefois meilleure pour les marchandises diverses, qui ont cumulé 8,6 Mt au premier semestre, soit 11 % de plus qu’en 2020. C’est aux trafics rouliers qu’il faut attribuer cette performance: les 147 760 unités enregistrées représentent une hausse de 39 % par rapport à l’an dernier. Les conteneurs, au contraire, avec 367 634 EVP manutentionnés, ont cédé de 2 %, un recul entièrement imputable au transbordement (108 431 EVP, – 26 %). Les conteneurs à destination ou en provenance de l’hinterland de Trieste (259 203 EVP) progressent en revanche de 13 %. Le port souligne l’importante augmentation du ferroviaire, revenu à ses niveaux pré-covid avec une hausse de 19 % par rapport au premier semestre 2020 et met aussi en avant le « fort dynamisme du trafic conteneurisé de la ligne roro de/vers la Turquie, en expansion continue ». Elle progresse dans les faits de 48 % avec 52 068 EVP.
Source : données officielles des ports
Gioia Tauro mis à mal
Le hub à conteneurs du sud de la péninsule italienne, Gioia Tauro, a également subi une baisse de trafic au premier semestre (18,4 Mt, -8 %). Situé à une petite trentaine de km du détroit de Messine, le port a deux particularités: les conteneurs constituent 99,8 % du tonnage manutentionné et il ne reçoit quasiment que du trafic en transbordement. Sur 1,7 MEVP traités de janvier à juillet 2021, seuls 50 000 EVP ont fait l’objet d’un chargement ou déchargement routier. Pour ces sept premiers mois de l’année, le nombre de boîtes a cependant baissé de 8 %, et même de 28 % pour le seul mois de février, mais cela fait suite à une augmentation de 39 % sur la même période 2020, par rapport à des trafics 2019 déjà en hausse.
Gênes n’est que le deuxième port à conteneurs italien derrière Gioia Tauro et le second pour l’ensemble du tonnage derrière Trieste, mais il manque à chaque fois de très peu la première marche du podium. Le port ligure est celui dont le trafic a le plus progressé en valeur absolue au premier semestre, atteignant 24,5 Mt (+ 12 %), avec une hausse des vracs liquides (6,5 Mt, + 14 %) comme des vracs solides (1,3 Mt, + 40 %) et des marchandises diverses (16,7 Mt, + 10 %). Dans cette catégorie, il faut noter une progression de 19 % du trafic roulier (190 000 unités) et de 16 % des conteneurs (1,32 MEVP), qui concerne tant le transbordement (180 000 EVP) que le trafic d’hinterland (1,14 MEVP). Le nombre de passagers (392 890) a en outre augmenté de 23 %.
Gênes en puissance
Le rebond des conteneurs s’est poursuivi au troisième trimestre, Gênes dépassant sur les neuf premiers mois de 100 000 EVP le niveau enregistré sur la même période de 2019. Cette tendance marque cependant le pas en septembre, ce que le port attribue « à la situation de congestion persistante dans les ports étrangers qui a un impact significatif sur l’organisation des services et le respect des temps de parcours. »
Les autres ports italiens affichent de belles percées pour un premier semestre 2021 placé sous le signe de la reprise. Les progressions de tonnage atteignent 21 % et 23 % pour Messine et San Giovanni, les ports jumeaux du détroit de Messine dont l’ensemble du trafic est roulier. Le port sarde d’Olbia se porte bien également (+ 22 %) tout comme Civitavecchia et Rome, chacun en progression de 24 % tandis que le port adriatique d’Ancône est en croissance de 25 %. Parmi les 24 premiers ports italiens par leur tonnage, le sicilien Milazzo (7,04 Mt, -10 %) est le seul à rejoindre les deux géants Trieste et Gioia Tauro sur la liste des trafics en recul.
Étienne Berrier