Tectonique dans les terminaux allemands

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Il y a eu de l’effervescence sur les quais allemands. Hapag-Lloyd se fait plus entreprenant. Cosco entend y faire son entrée. HHLA et Eurogate auraient repris les négociations en vue de la création d’une coentreprise.

Le bruit court depuis juin 2020. Hamburg Hafen und Logistik (HHLA) et Eurogate, en position monopolistique à Hambourg, auraient repris activement les échanges en vue de conclure prochainement, ont relancé les médias mi-novembre. Les deux grands manutentionnaires allemands envisageraient la création d’une entreprise commune dans laquelle seraient fusionnés les actifs portuaires qu’ils détiennent en Allemagne, à Hambourg, Bremerhaven et Wilhelmshaven. L’opération ne concernerait pas leurs activités en dehors du territoire, ni leurs intérêts dans l’entreposage, la logistique terrestre ou autres…

HHLA et Eurogate sont monopolistiques à Hambourg. Le premier y exploite trois terminaux, les Container Terminal Altenwerder (CTA), Container Terminal Burchardkai (CTB) et Container Terminal Tollerort (CTT), totalisant 7,6 MEVP (en 2019, année hors pandémie). Le second ne gère que le Container Terminal Hamburg (CTH) mais la filiale d’Eurokai opère également à Bremerhaven et Wilhelmshaven. Ils sont d’autant plus puissants que les grandes compagnies de conteneurs ne sont quasiment pas impliquées dans les portiques allemands, à l’exception de Hapag-Lloyd avec une participation minoritaire de 25,1 % dans le CTA à Hambourg.

L’affaire n’est toutefois pas si simple car ils ne sont pas seuls à la barre de leurs actifs. Par exemple, APM Terminals (Maersk) est un partenaire d’Eurogate à 50 % dans le NTB à Bremerhaven. TIL (MSC) est actionnaire à 50 % du MSC Gate Bremerhaven aux côtés d’Eurogate. HHLA gère le terminal con-ro de Hamburg Unikai, dans lequel Grimaldi détient 49 % des parts.

Hapag-Lloyd au front

Les terminaux portuaires allemands sont au cœur des enjeux. Hapag-Lloyd et Eurogate ont convenu récemment d’un accord attribuant à l’armateur allemand de porte-conteneurs la participation (30 %) de APM Terminals dans le terminal de Jade Weser à Wilhelmshaven (CTW). À cette occasion, le transporteur de conteneurs acquiert aussi 50 % des parts de Rail Terminal Wilhelmshaven. Outre sa participation de 25,1 % dans le CTA, Hapag-Lloyd, qui a limité sa présence dans les terminaux contrairement à ses pairs, possède aussi, depuis novembre 2019, 10 % du quatrième terminal de Tanger Med (terminal Tanger Alliance) aux côtés de Marsa Maroc et d’Eurogate/Contship.

Pourquoi investir dans le CTW à Wilhemshaven tout en étant actionnaire du CTA à Hambourg? Le terminal de Hambourg a une problématique de taille: sa configuration nautique ne lui permet pas de traiter les plus grandes unités actuelles (19 870 EVP) de l’armateur allemand de porte-conteneurs et encore moins ses futurs 23 666 EVP (deux séries de six unités) ou tout autre mégamax de THE Alliance dont il est membre.

D’ailleurs, le port allemand fait actuellement son miel de la congestion: les services Asie-Europe du Nord de l’alliance 2M – AE7/Condor et AE5 /Albatross –, ainsi que les NEU1 et NEU4 (alias CMA CGM FAL1) d’Ocean Alliance en ont fait le premier port de déchargement en Europe du Nord.

Sur les quais hambourgeois, les lignes bougent également. Cosco Shipping Ports et HHLA ont convenu d’un accord octroyant à l’opérateur chinois de terminaux portuaires (groupe Cosco) 35 % des parts du terminal de Tollerort, la plus petite des trois installations qu’exploite le manutentionnaire allemand à Hambourg. Si la transaction était validée par Bruxelles, Cosco renforcerait son ancrage dans les ports européens après Le Pirée, Vado Ligure, Bilbao, Valence, Zeebrugge, Anvers et Rotterdam.

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