Nantes Saint-Nazaire devra encore se résoudre à voir ses trafics s’infléchir. L’année 2021 devrait être sa troisième année consécutive de perte de tonnages et cette année, de façon autrement plus marquée que les exercices précédents avec un repli de 40 % alors qu’il était « seulement » de 8,8 % en 2020 et de 5,53 % en 2019. Selon des informations communiquées mi-octobre 2021 à l’agence API par Olivier Trétout, directeur du Grand port maritime, le trafic annuel 2021 ne devrait pas dépasser les 20 Mt. Les raisons de cette chute spectaculaire résident, selon le dirigeant, dans des volumes pétroliers inférieurs de 25 % à ce qui était prévu. L’arrêt depuis décembre de la raffinerie Total à Donges, deuxième site pétrolier de France, l’explique en grande partie. Cette mesure avait été prise pour des raisons conjoncturelles alors que les marchés pétroliers sont plongés dans le noir depuis des mois. Le port de Loire-Atlantique ne pourra pas compter sur ces flux avant un certain temps. Depuis octobre et pendant quatre mois, le site a entamé sa grande visite technique, son « grand arrêt » dans le jargon des majors. Le redémarrage n’est pas prévu avant mars 2022.
GNL en chute libre
Un autre arrêt technique, celui-là au sein du terminal méthanier opéré par Elengy à Montoir, doublé d’une évolution brutale des cours mondiaux, ont entraîné, parallèlement, un recul de 30 % du gaz naturel liquéfié (GNL). Pourtant, cette activité n’avait fait que progresser au fil des années, passant de 1 à 8,8 Mt entre 2015 et 2020.
Le trafic roulier est également en baisse tandis que la forte croissance ponctuelle et conjoncturelle du charbon, qui profite de la flambée des prix des autres énergies, ne doit pas faire illusion, la centrale de Cordemais d’EDF étant condamnée à un horizon de cinq ans dans le cadre de la stratégie gouvernementale de sortie du charbon. La loi Énergie et climat de septembre 2019 a validé la fermeture en 2022 des dernières centrales à charbon mais Cordemais bénéficie d’un sursis d’exploitation, au moins jusqu’en 2024 voire 2026, pour « assurer l’équilibre du réseau électrique en Bretagne ». Le projet de reconversion à la biomasse, porté par les salariés depuis 2015, a été par ailleurs abandonné.
Un modèle économique à revoir
La direction du quatrième port français a indiqué à l’agence API que « cette année est révélatrice de la nécessité de revoir notre modèle économique ». À commencer par les énergies marines renouvelables (EMR) sur lesquelles le port s’est résolument positionné. À en juger par le nombre d’éoliennes actuellement stockées sur les terre-pleins aménagés de Saint-Nazaire, ce trafic connaît un développement exponentiel.
Dans son projet stratégique 2021-2026, récemment dévoilé, le port prévoit notamment, au titre de sa transition énergétique, la modernisation de ses infrastructures et un renforcement de l’offre logistique liée à l’éolien offshore. Pour conforter son statut de porte maritime du Grand Ouest, il envisage, entre autres, de dynamiser les exportations de céréales et d’élargir l’hinterland des trafics conteneurisés (1,6 Mt en 2020). Enfin, il entend, en particulier, conforter le pôle de manutention de colis XXL et développer des solutions innovantes de logistique urbaine sur la zone portuaire de Cheviré.