À l’échelle de l’axe Seine, Le Havre porte de grandes ambitions logistiques. C’est d’autant plus vrai que le foncier est contraint et cher dans la région parisienne. Quelles sont vos perspectives?
Kris Danaradjou: Jusqu’à présent, promoteurs et investisseurs ont tenu leurs engagements, ce qui nous rend confiants. Le projet Havlog est spécifique comparé à ceux d’Ikea à Limay [un entrepôt logistique de 72 000 m2, NDLR] et de Goodman à Gennevilliers [une plateforme multimodale de 90 000 m2, NDLR] en ce sens qu’il s’inscrit dans un parc logistique. Sa situation géographique, en connexion avec les terminaux de Port 2000 et le terminal multimodal, est un véritable atout. Le Havre joue l’effet cluster pour attirer des clients potentiels. L’implantation dans la zone portuaire n’est pas anodine. Les logisticiens savent qu’ils peuvent bénéficier de synergies.
Avec le foncier dont nous disposons, nous nous inscrivons aujourd’hui dans la stratégie nationale qui consiste à localiser de nouvelles industries relevant d’activités stratégiques. Ainsi, nous préparons des terrains pour l’industrie pharmaceutique ou la production de batteries. Avec la crise sanitaire, nous considérons que les schémas logistiques des entreprises vont être reconsidérés. Ce sont des opportunités pour Le Havre.
Comment comptez-vous les attirer?
K.D.: En positionnant des zones logistiques entre Le Havre et Paris pour alimenter le premier marché de consommation français. Le Havre est une porte d’entrée. Il faut tirer pleinement parti du réseau fluvial pour aller loin dans l’hinterland, au-delà de Paris. L’offre ferroviaire au départ du Havre vers des plateformes logistiques de Châlons-en-Champagne, Chalon-sur-Saône, Niort ou Thiernay dans le Nord est également un atout pour capter des flux.
Le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt en février pour attirer de nouveaux services de fret ferroviaire, compléter l’offre de dessertes et/ou augmenter les fréquences sur celle existante, a été un succès [le port l’a assorti d’aides financières directes pour limiter la prise de risque au démarrage, NDLR]. Il s’est soldé par la création d’une douzaine de lignes, connectant Le Havre à de nouvelles destinations.
Depuis mi-avril, l’opérateur de transport multimodal a par exemple lancé un service hebdomadaire de transport de conteneurs maritimes et de caisses mobiles entre Chalon-sur-Saône et Le Havre. Il permet de se connecter à la région lyonnaise et, au-delà, à l’Allemagne.