Le Havre : fixer les flux logistiques durablement sur l’axe Seine

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En internalisant les études techniques et financières et les autorisations administratives sur des parcs dédiés afin d’offrir des fonciers clefs en main, Haropa Port entend créer un environnement propice pour les projets logistiques.

« Par le passé, on avait trop tendance à raisonner en termes de longueur de quais et de flux de conteneurs. Aujourd’hui, la logistique fait partie intégrante de la stratégie des ports. » En une seule phrase prononcée à l’occasion de l’inauguration du projet porté par Havlog au sein d’un des espaces dédiés de la zone portuaire havraise, Édouard Philippe, ancien Premier ministre, président du Havre Seine Métropole et maire du Havre, résumait tout l’enjeu logistique des ports. Construire un hinterland français profond suppose d’abandonner une vision des ports uniquement centrée sur les infrastructures pour adopter une approche logistique globale entre façade maritime et territoires.

La nouvelle plateforme de 92 000 m2 est la plus grande construite en blanc en France. Située sur le PLPN3 (Parc logistique du pont de Normandie) à proximité du terminal multimodal, elle a une capacité de 1 million de m3 de stockage avec neuf cellules modulables. Elle sera exploitée par JJA, un industriel spécialisé dans le mobilier de jardin, la décoration intérieure, les arts de la table et les produits utilitaires pour la maison. L’investissement est de 65 M€ et le bail de neuf ans. JJA prévoit d’y traiter d’ici 2025 un volume de 50 000 EVP, ce qui en fera un des plus gros contributeurs du port du Havre.

Terrains clés en main

« Une fois sélectionnés, nous avons obtenu toutes les autorisations administratives en un an, ce qui est très rapide », souligne Romain Peyronie, le directeur général de PRD, le promoteur qui a été retenu à l’issue de l’appel d’offres lancé par Haropa Port. En partenariat financier avec AG Real Estate, PRD assure aussi la construction de deux plateformes logistiques d’une superficie totale de 60 000 m2 pour le stockage de produits secs et destinées au groupe Seafrigo. La livraison est prévue fin 2021.

« Le premier levier de développement reste la qualité des accès nautiques. Mais pour ancrer durablement les flux, il nous faut une capacité de traitement des marchandises sur le territoire afin d’assurer une continuité logistique de façon à dépoter, empoter, traiter les flux, les distribuer… C’est le sens des PLPN, terrains dédiés à la logistique et aménageables rapidement », indiquait Baptiste Maurand, dans un entretien au JMM, à peine arrivé à la direction du port havrais. « Ce qui emporte la décision d’un logisticien ou d’un investisseur, c’est le package global: les offres, maritime, routière et multimodale, les destinations qui peuvent être atteintes, mais aussi la réactivité de la réponse administrative. Pour compresser le temps des autorisations, on internalise tout: nous n’attendons pas la première manifestation d’intérêt pour préparer les terrains. Ainsi, une fois les autorisations obtenues, la commercialisation est lancée à l’aide d’un promoteur spécialisé, ce qui nous permet d’offrir un terrain prêt-à-construire. »

Purgés des études techniques et financières, ces fonciers clefs en main représentent actuellement une centaine d’hectares disponibles. « Le foncier est un véritable enjeu pour un port », réaffirme Kris Danaradjou, le directeur adjoint en charge du développement au sein de Haropa Port. « De là vient notre volonté d’optimiser les surfaces, de reconvertir les friches industrielles, de reconstruire le port sur le port. »

Logistique verte

Aujourd’hui, les trois parcs logistiques havrais (PLPN 1, 2 et 3) s’étendent sur 200 ha. Au total, ce sont 750 000 m2 à déployer, dont 370 000 m2 construits. « Il nous reste beaucoup de place sur les trois ports, près de 16 000 ha, et nous nous fixons comme objectif d’implanter de nouvelles industries pour fixer les flux et les chaînes logistiques durablement sur l’axe Seine », indiquait Stéphane Raison, le directeur général d’Haropa Port, à l’occasion de la signature avec le développeur d’entrepôts logistiques Goodman, qui va implanter une plateforme multimodale de 90 000 m2 à Gennevilliers.

Autre élément crucial dans la conception d’un site pour un investisseur, ajoute Kris Danaradjou, la dimension environnementale. Cette préoccupation a été intégrée dans les travaux en amont des projets. Ainsi, la toiture d’Havlog sera recouverte par 37 000 m2 de panneaux photovoltaïques lorsqu’elle sera livrée en 2022, en mesure de produire 7 000 MW.

La proximité avec la plateforme multimodale, dont le démarrage en 2015 avait été laborieux mais qui aujourd’hui engrange des volumes croissants, est désormais un atout, assure la direction. Conçue pour absorber 250 000 EVP par an, elle a traité 130 000 EVP en 2020. Connecté à l’A29 et à l’A 131/A 28, le terminal propose des liaisons ferroviaires régulières vers Valenton, Bordeaux, Dijon ou Lyon (cinq opérateurs ferroviaires) et dessert l’axe Seine dont Paris (Bonneuil ou Gennevilliers) et Rouen (9 opérateurs fluviaux).

Le port est un maillon de la chaîne logistique qui se doit de toucher un vaste hinterland en se dotant d’un réseau ferroviaire et routier dense, peut-on lire dans tous les rapports portant sur la compétitivité portuaire.

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