L’activité conteneurs est en progression au premier semestre 2021 sur les ports franciliens. À Gennevilliers, avec une hausse de 7 %, une bonne partie du chemin vers le plus haut de 2019 a été fait. À Paris, où des conteneurs sont débarqués au pied de la tour Eiffel pour livrer les magasins Franprix, la croissance atteint même 42 %, un record historique qui atteste de l’efficacité du fluvial pour acheminer les conteneurs au cœur de la capitale.
Combiner logistique fluviale et logistique maritime? Pour Haropa, la fusion des trois ports de Paris, Rouen et Le Havre intervenue au 1er juin dernier concrétise la proposition d’un système portuaire s’étendant tout au long de l’axe Seine. Ce n’est pas un hasard si un important projet de logistique fluviale a été présenté précisément le jour de la fusion.
Spécialisée dans l’aménagement d’entrepôts logistiques, la société australienne Goodman va construire à Gennevilliers un bâtiment de 90 000 m2 destiné au cross docking. Grâce au ponton qui sera construit en Seine, il permettra de livrer par transport fluvial la région parisienne et jusqu’au cœur de Paris (cf. plus loin dans nos pages).
Cette densification des implantations s’impose car le site de Gennevilliers n’est pas loin de la saturation. « Nous recherchons de nouvelles surfaces », indique Antoine Berbain, directeur général délégué de Haropa Port. « Des réflexions sont en cours sur de nouveaux espaces à l’aval de Paris, en dehors des ports existants. Ces développements font partie de nos objectifs stratégiques. » Les ports maritimes et infrastructures fluviales sont implantés à l’ouest alors que les activités logistiques, elles, sont surtout localisées dans l’Est de la région. C’est ce déséquilibre qu’il convient de corriger afin de favoriser le passage des importations destinées à la capitale par Le Havre et leur acheminement final par le fluvial.
Maître mot, densification
Pour la direction portuaire, la poursuite de cet objectif passe donc par la création de nouvelles plateformes, et aussi par l’extension des ports existants qui comptent déjà 1 million de m2 d’entrepôts. Impossible à Gennevilliers, le port étant en zone fortement urbanisée. Si le terminal à conteneurs dispose encore de réserves de capacités pour une montée en puissance du trafic, les terrains en revanche ne restent jamais inoccupés. Ici, chaque appel à projets lancé à l’échéance d’un bail fait l’objet de plusieurs candidatures, et la densification de l’activité est le maître mot.
Plus en aval, à Achères, la création d’une zone logistique adossée à un nouveau terminal à conteneurs avait été envisagée. Mais les discussions avec les collectivités locales ont conduit Haropa Port à recentrer son projet « Port Seine Métropole Ouest » sur l’activité vrac et les matériaux de construction, liée à des carrières proches. La faiblesse des infrastructures routières ne permet pas pour l’instant d’envisager des transports de conteneurs et des activités logistiques. L’Île-de-France, d’ailleurs, est déjà fortement maillée en terminaux fluviaux à conteneurs avec Gennevilliers au premier plan, Bonneuil-sur-Marne en tête de pont vers l’amont, Évry et Bruyères-sur-Oise qui peinent à prouver leur utilité, et Limay à l’aval au statut de jalon entre Paris et les ports maritimes.
Système portuaire complet
Aux confins de l’Île-de-France et de la Normandie, Limay fait l’objet d’un projet d’extension. Créé en 1970 sur une ancienne carrière, il est surtout dédié aux vracs: céréales, ferrailles et autres produits de recyclage dont il s’est récemment fait une spécialité. Mais cette plateforme embranchée fer et située non loin de l’autoroute abrite également un terminal à conteneurs. Les activités logistiques s’y développent, avec la construction prévue par Ikea d’un entrepôt de 72 000 m2 qui sera mis en service en 2026, en complément de celui déjà exploité à Gennevilliers. Ils seront utilisés pour des livraisons fluviales à destination de Paris. Pour étendre la zone portuaire, les négociations ont été amorcées avec EDF dans le cadre de la fermeture de la centrale électrique voisine de Porcheville et d’autres acquisitions foncières sont envisagées pour développer les activités logistiques en lien avec l’essor du terminal à conteneurs.
Limay s’affirme comme la courroie de transmission entre les deux modes de transport. « Nous avons une double corde à notre arc: le transport maritime et la logistique fluviale urbaine », rappelle Antoine Berbain.« Certaines entreprises sont intéressées par un seul de ces aspects, d’autres par les deux. Goodman ou Ikea veulent être dans des chaînes logistiques qui sollicitent le système portuaire complet, depuis les quais maritimes jusqu’au cœur de Paris. »