Le cimentier Cem’In’Eu a importé l’an dernier 130 000 t de clinker depuis les différents pays du pourtour méditerranéen – Turquie et Espagne notamment – pour alimenter ses cimenteries de Tonneins (Lot-et-Garonne) et Portes-lès-Valence (Drôme) via des flux conteneurisés. Le clinker est acheminé par voie ferroviaire vers Tonneins (trois trains par semaine, de 26 conteneurs chacun) et par voies ferroviaire et fluviale vers Portes-lès-Valence.
« La dimension multimodale du projet est intéressante », évalue Jean-Yves Apard directeur général de Cem’In’Log (Sète) détenue par Cem’In’Eu et Sogena, également en charge des opérations logistiques du cimentier. L’opérateur a construit un premier entrepôt de 5 500 m2 sur le port de Sète, d’une capacité de stockage de 22 000 t.
Un deuxième entrepôt d’une surface équivalente va être bâti d’ici la fin de l’année avec l’installation de bandes transporteuses pour un investissement total de 5 M€. Le financement est en phase de bouclage avec le Crédit Maritime (Sète), Bpifrance et la Société générale. Cem’In’Log vise à court terme 400 000 t annuelles de clinker sur le port de Sète : 210 000 t cette année, 280 000 en 2022, 350 000 en 2023, puis 400 000 en 2024.
« On va doubler en un an les cadences d’entrée avec de plus gros bateaux qui vont passer de 15 000 à 45 000 t par déchargement, et les cadences de sortie en passant de trois trains à cinq par semaine, opérés par RegioRail. » Les barges fluviales desservant la cimenterie de la Drôme sont opérées par Agora Fluvial. Le business model de Cem’In’Log se veut « le plus écologique possible, sans recours au transport routier », insiste Jean-Yves Apard.
Saipol en sursis
Cem’In’Log, nouvellement créé à Sète, emploie six collaborateurs (conducteurs d’engins et techniciens), la gestion administrative, comptable et financière étant assurée au Havre par Sogena. À Sète, l’activité génère des emplois indirects, « chez nos sous-traitants portuaires [dockers SPS et grutiers du port, NDLR] ainsi que les personnels des entreprises de transport ferroviaire et fluviales », ajoute Jean-Yves Apard.
En matière de vracs secs, le port méditerranéen suit de près l’évolution de la situation à Saipol (transformation de graines de tournesol et de colza pour la production d’huiles raffinées) dont le site est menacé de fermeture. Saipol emploie 85 salariés et représente 22 % du trafic total avec environ 1 Mt. Un nouveau directeur, Yann Mayer, est arrivé il y a un mois en remplacement de Patrick Merieau, indique Saipol.
Avec 880 000 t, le trafic 2020 a reculé d’environ 15 %: 500 000 t en graines, 200 000 t en biodiesel, 100 000 t de tourteaux riches en protéines, 70 000 t d’huiles et 10 000 t de glycérine. Interrogé par le JMM sur une éventuelle fermeture du site sétois, le groupe Avril (propriétaire de Saipol) n’a « pas de commentaire à faire ». De manière globale, les vracs secs ne reculent que de 10 % en 2020 à Sète et résistent mieux que les vracs liquides, en chute de 55 % des suites d’une moindre consommation de pétrole.